Après la pandémie de Coronavirus à laquelle nous avons été confrontés depuis 2020, difficile de trouver originale une quelconque histoire de virus décimant l’humanité. On l’a vécue de l’intérieur et ce n’était pas drôle du tout. Je me suis pourtant laissée emporter par Erectus, le roman de Xavier Müller, écrit avant la pandémie, la vraie, et évoquant un virus qui fait régresser son porteur de plusieurs millions d’années, à l’état d’homme préhistorique, l’Homo Erectus.
C’est un véritable thriller que nous propose ici l’auteur et il est pour le moins addictif. Tout commence à la sortie d’un laboratoire de recherche de haute sécurité, où un incident semble avoir lieu et dont l’ un des cobayes, porteur du virus Kruger, a eu l’opportunité de sortir. Le problème du Kruger, c’est qu’il est hyper contagieux et qu’il réveille des gènes endormis depuis des millions d’années, faisant régresser la flore, la faune, et bientôt les humains.
On assiste, impuissant, à la lutte de l’OMS contre ce virus. Une lutte scientifique, pour commencer, car il est impératif de comprendre le Kruger pour le combattre. Une lutte politique, ensuite, car tout va très vite et les gouvernements, sous la direction de l’ONU, sont bientôt obligés de prendre des mesures pour tenter d’enrayer l’épidémie : destruction des cultures infectées, fermeture des métros et souterrains d’où remontent des rats qui ont régressé, puis parcage des erectus…
Ce roman soulève un tas de questions intéressantes, dont la principale est la suivante : les pauvres gens touchés par le Kruger et transformés en erectus doivent-ils encore être considérés comme des hommes à part entière ? Ou bien sont-ils redevenus des bêtes sauvages et dangereuses pour l’humanité, menées par leur instinct de survie et c’est à peu près tout ? Bien sûr, deux clans vont s’affronter, et la violence va s’installer dans les rues, tandis que des milices anti-erectus vont voir le jour.
Tellement de choses séparent l’homme de l’erectus que ce sont réellement deux espèces différentes et on prend toute la mesure du mot “évolution”. Ce n’est donc pas sans un certain malaise que l’on lit cette histoire car, à voir ce que sont devenus ces gens, sauvages et anthropophages, on comprend très bien la peur qui s’empare de la plus grande partie de la population. On a beau rationaliser et se dire qu’ils ont été des hommes comme nous, qu’ils ne méritent ni d’être abattus ni d’être parqués, leur transformation est irréversible et il ne reste plus grand-chose de l’homme en eux. Le vernis de la civilisation, qu’il nous aura fallu des millions d’années à acquérir, s’est évaporé sans espoir de retour. Alors que faire ?
Xavier Müller maîtrise parfaitement bien son histoire et réussit à en faire un roman vraiment prenant. L’écriture est efficace et les questionnements des personnages nous interpellent. Certains parleront d’un sentiment de déjà-vu, d’autres de certains petits clichés. Je me suis contentée de me laisser porter et je n’ai pas boudé mon plaisir. J’ai passé un excellent moment avec ce thriller et j’ai hâte de découvrir la suite.
Editions Pocket (2020) - 498 pages - Support papier - Thrillers & Polars
Et soudain l’humanité se mit à régresser... À Richards Bay, en Afrique du Sud, c’est le choc. Un homme s’est métamorphosé. Il arbore des mâchoires proéminentes, est couvert de poils, ne parle plus. Bientôt, à New York, Paris, Genève, des Homo Erectus apparaissent en meutes, déboussolés, imprévisibles, semant la panique dans la population. De quel virus s’agit-il ? Que se cache-t-il derrière cette terrifiante épidémie ? Une scientifique française, Anna Meunier, se lance dans une course contre la montre pour comprendre et freiner cette régression de l’humanité. Partout, la question se pose, vertigineuse : les erectus sont-ils encore des hommes ? Faut-il les considérer comme des ancêtres à protéger ou des bêtes sauvages à éliminer ?
0 commentaires