Première escapade dans l’univers d’Emily St John Mandel, et première lecture assez atypique. Après le succès de Station Eleven, un best-seller traduit dans plus de trente langues et vendu à plus d’un million d’exemplaires, la romancière canadienne réussit, avec La mer de la tranquillité, le pari de nous proposer une histoire de voyage dans le temps pleine de sensibilité.
Tout commence en 1912, quand Edwin s’enfonce dans la forêt de Caiette, sur l’île de Vancouver, pour y vivre une expérience étrange : l’espace d’un instant, la réalité s’estompe au profit des ténèbres, alors que résonnent les accords d’un violon et le bruit d’un aéronef qui décolle. En 2020, Mirella découvre que sa meilleure amie a vécu et filmé quelque chose d’assez similaire, au même endroit. En 2203, Olive, autrice en tournée promotionnelle pour son dernier roman, évoque peu ou prou le même phénomène…
Quelle est cette bizarrerie qui traverse le temps et les époques ? Qu’est-ce qui relie tous ces destins ? En 2401, Zoey travaille à l’Institut du Temps, et tombe sur cette curieuse anomalie. Persuadée qu’elle pourrait valider l’hypothèse selon laquelle notre monde n’est qu’une simulation, elle en parle avec Gaspery, son frère, lequel va se proposer pour enquêter.
Cela a été pour moi une lecture un peu déstabilisante, car pendant une bonne moitié du roman, je ne voyais pas très bien où l’autrice cherchait à m’emmener, et j’ai souvent du mal à me laisser porter dans ce genre de cas. Pourtant, la plume était pleine de sensibilité, elle ancrait le récit dans le quotidien des personnages, en s’attardant sur des instants apparemment anodins, mais qui ne l’étaient pas tant que ça. Étonnamment, je ne m’ennuyais pas et lorsque le rythme a fini par s’accélérer, j’ai dévoré la fin !
Emily St John Mandel aborde en outre des tas de thématiques différentes, du voyage dans le temps à la colonisation, en passant par les pandémies ou la technologie. C’est un roman intimiste et existentialiste qui pousse à des réflexions sur la condition humaine ou le sens de la vie… Mais toujours avec beaucoup d’humanité et de sensibilité. Le rythme est assez lent et cependant, tout s’emboîte à la perfection. J’ai été bluffée par un final que je n’avais pas vu venir, tant j’étais retournée par le style de l’autrice.
Sceptique tout d’abord, j’ai fini par être conquise par ce roman. La construction narrative est peut-être un peu perturbante, mais jamais ennuyeuse. La plume est délicate, voire un peu mélancolique, mais c’est une expérience de lecture que j’ai somme toute bien appréciée. De quoi me donner envie de découvrir les autres romans de l’autrice. Une curiosité pleine de charme.
Rivages (2023) - 295 pages - Support papier - Science-fiction
Quel est cet étrange phénomène qui semble se produire à diverses époques et toujours de la même façon ? Dans les bois de Caiette, au nord de l'île de Vancouver, des gens entendent une berceuse jouée au violon, accompagnée d'un bruissement évoquant un engin volant qui décolle. L'expérience est intense mais brève, au point que l'on pourrait croire à une hallucination. En 2401, sur une des colonies lunaires, l’institut du Temps veille à la cohésion temporelle de l’univers. Une brillante physicienne nommée Zoey s’interroge sur des anomalies qui la perturbent. Le monde tel qu’il existe ne serait-il qu'une simulation ?
Le site de l'autrice : https://www.emilymandel.com/