Il est désormais assez rare de voir chroniqués sur eTemporel des romans jeunesse pour les moins de 12 ou 13 ans. Mon fils a grandi et nous ne partageons malheureusement plus nos lectures. Cependant, L’enfant d’Oradour, de Régis Delpeuch, est un cas à part, tout simplement parce que ma belle-famille est originaire du Limousin, à exactement 25 km d’Oradour-sur-Glane, et que j’ai déjà eu deux fois l’occasion de me rendre au centre de la mémoire d’Oradour et dans les ruines de l’ancien village.

Situé à une vingtaine de kilomètres au nord-ouest de Limoges, Oradour était un bourg rural paisible. Le samedi 10 juin 1944, alors que les actions de la Résistance se multiplient suite au Débarquement, les Allemands décident d’une opération répressive qui servira d’exemple. Sous prétexte de fouiller le village à la recherche d’armes, ils rassemblent la population sur le champ de foire. Les hommes sont alors mis de côté, puis sommairement exécutés. Les femmes et les enfants sont enfermés dans l’église, laquelle est ensuite détruite à coups d’explosifs. 643 personnes sont massacrées, le village est pillé et incendié.

Voilà pour l’Histoire, avec un grand H. L’enfant d’Oradour nous en fait le récit du point de vue de Roger, 8 ans. Déporté en 1940 de Charly, en Moselle, jusqu’au village d’Oradour avec sa famille, le jeune garçon y avait reconstruit sa vie jusqu’à ce fameux 10 juin. Lorsque les Allemands rassemblent tout le monde au champ de foire, il prend la fuite sans réfléchir, seul, ses sœurs refusant de le suivre pour rejoindre leurs parents. Roger Godfrin sera le seul enfant survivant au massacre, et c’est son histoire que Régis Delpeuch a choisi de raconter aux plus jeunes.

C’est un récit court et triste. L’auteur nous épargne les scènes les plus difficiles, le jeune Roger en fuite n’ayant pas assisté aux exécutions, juste entendu le bruit des explosions et des coups de feu. Pourtant, c’est aussi une lecture pleine d’émotion, tant on perçoit le désarroi de ce jeune garçon issu d’une famille nombreuse, qui se retrouve seul du jour au lendemain de la pire des façons. Un enfant qui sera ensuite considéré comme un héros alors qu’il donnerait tout pour conserver l'anonymat et retrouver sa famille.

Un roman jeunesse sans voyeurisme, mais au contraire plein de pudeur pour raconter l’un des drames de la Seconde Guerre mondiale. À la fin du livre, un cahier explicatif retrace plus avant la destruction d’Oradour-sur-Glane. De quoi permettre aux plus jeunes de découvrir, relativement en douceur, cette part très sombre de notre Histoire.

Je rattrape mes chroniques en retard avec un petit roman jeunesse autoédité : Taupe, de Nico Bally. Comme indiqué en sous-titre, ce récit aurait pu être le premier voyage extraordinaire de Jules Verne, lequel a effectivement disparu pendant des jours durant son enfance. Un mystère dont la résolution demeure incertaine, aujourd’hui encore. L’auteur nous propose ici sa version, une ébouriffante aventure au centre de la Terre, originale et bien menée.

Jules est un jeune garçon curieux, trop sans doute. Alors que son père l’emmène sur le chantier d’une obscure machine dont il a participé au financement, le jeune garçon pénètre à l’intérieur et s’y retrouve piégé au moment du départ. Le voilà parti pour un long voyage en direction du centre de la Terre, où l’équipage est censé établir une colonie. Autant vous dire que ce jeune passager clandestin n’est pas le bienvenue. Il va devoir faire ses preuves pour ne pas être jeté à la (mer) terre !

Ce court roman est idéal pour faire connaître le steampunk aux jeunes lecteurs. Taupe est une machine extraordinaire dont j’ai beaucoup aimé découvrir les secrets. Pour compenser l’eau et la nourriture qu’il va consommer, Jules doit, malgré son jeune âge, se rendre utile. Pour ce faire, on lui fait successivement découvrir les différents métiers du bord jusqu’à ce qu’il trouve sa place. Ce sera l’occasion pour lui de gagner en maturité au contact de personnages hauts en couleur, et pour le lecteur de réaliser à quel point Nico Bally a imaginé sa machine, son fonctionnement et celui de cette petite communauté dans les moindres détails.

L’intrigue est dynamique et pleine de rebondissements. Taupe rencontre de nombreux obstacles, tant naturels que relevant du sabotage, ce qui va amener Jules à découvrir la vérité sur les 50 passagers qui participent à cette expédition. Une vérité bien effrayante pour un petit garçon de 11 ans qui va être confronté à certains événements dramatiques… La plume de Nico Bally a beau s’adresser à de jeunes lecteurs, elle n’est pourtant pas simpliste. Elle est agréable et fluide, et nous embarque facilement dans cet univers si bien pensé, aux décors bluffants.

Une machine mystérieuse, des personnages sympathiques et une aventure pleine de pep’s. Tout pour faire de ce court roman de science-fiction une jolie découverte, en clin d'œil aux écrits de Jules Verne. Un livre qui plaira sans nul doute à nos chères têtes blondes, qui en redemanderont. À découvrir et faire découvrir.

Un grand froid a saisi le royaume des loups. L'équilibre de la nature, qui faisait la force de la meute, s'est complètement effondré. Contraints de trouver une nouvelle terre, les loups entament un long et périlleux voyage à travers la Mer Gelée. Faolan sera-t-il capable de mener cette expédition jusqu'au Pays Bleu ?

Banni dès sa naissance, Faolan a réussi à regagner la meute au prix de nombreux efforts. Pourtant, il a toujours fait partie des plus faibles. Faolan est un loup étrange, et pas seulement à cause de sa patte courbée ou de son lien particulier avec les ours. Il a quelque chose en plus, qui inspire aussi bien le respect que la suspicion. Mais, désormais, la meute doit faire un choix : devant le danger qui menace, il semble que Faolan soit le seul qui puisse prendre la tête du clan… ou ce sera la fin de la meute.