La ville sans vent, d'Eléonore Devillepoix

Il y a souvent plusieurs raisons à une envie de lecture. Pourquoi tel bouquin plutôt que tel autre ? Cela tient parfois à pas grand-chose et, cette fois, ce sont le titre et la couverture du livre qui m’ont décidée. La ville sans vent est un premier roman, celui d’Eléonore Devillepoix, jeune trentenaire normande qui vit à Bruxelles où elle est attachée parlementaire européenne. Un roman YA agréable dont l’intrigue a su me charmer, même si ce n’était pas gagné d’avance.

Pas gagné parce qu’il m’a fallu beaucoup de temps pour rentrer dedans. La faute aux deux personnages principaux. Il y a Arka, tout d’abord. C’est une adolescente de treize ans du genre insupportable. Elle a fui son royaume pour diverses raisons et trouvé refuge à Hyperborée où elle devient disciple d’un mage. Elle est fainéante, ment comme un arracheur de dents, et elle se croit souvent plus douée qu’elle ne l’est en réalité. Le genre de tête à claques qui me tape sur les nerfs.

Et puis il y a Lastyanax, dix-neuf ans. Il vient tout juste de finir son disciplinat et d’obtenir sa toge de mage. À la mort de son mentor, il récupère son poste de ministre au Conseil de la ville. C’est un jeune homme travailleur et appliqué, mais hyper égoïste et autocentré. Là encore, un personnage auquel il est difficile de s’attacher, on a souvent envie de le secouer pour lui remettre les idées en place. Il m’a fallu pas loin de 150 pages pour arriver à les apprécier un tant soit peu l’un et l’autre, alors oui, pas gagné.

Seulement ce roman a d’autres qualités, d’indéniables qualités. Son univers, pour commencer. La quasi totalité de l’intrigue se déroule à Hyperborée, une cité construite sur sept niveaux, les pauvres en bas, les nantis en haut, où l’on se déplace à dos de tortue dans des canaux ! La ville est abritée par un dôme d’orichalque qui la protège d’un froid mordant, et dirigée par le Basileus et son Conseil de ministres. Le système de magie développé par l’autrice est également intéressant, basé sur l’orichalque et le vif-azur.

Le second point fort de ce roman, c’est son intrigue. Les premières pages m’avaient laissée croire à un récit assez convenu, avec une école de magie plutôt classique. Pas du tout ! Eléonore Devillepoix a su construire une intrigue passionnante, bien plus complexe que ce à quoi je m’attendais, entre magie et intrigues politiques ou même géopolitiques. Les enjeux sont forts et l’autrice évoque même la place des femmes dans cette société patriarcale. Je ne m’attendais vraiment pas à ça et ça a été une belle surprise.

Au final, un premier tome très sympathique, malgré deux personnages a priori peu attachants. L’univers est solide et original, l’intrigue très bien construite et intéressante, parfaitement rythmée. Une agréable découverte qui m’a donné envie de lire la suite, déjà parue sous le titre La fille de la forêt, et qui a rejoint ma wishlist aussi sec.

Note : 

Plus d'informations

La ville sans vent, tome 1, d'Eléonore Devillepoix
Editions Hachette (2020) - 442 pages - Support papier - Ados & YA

À dix-neuf ans, Lastyanax termine sa formation de mage et s’attend à devoir gravir un à un les échelons du pouvoir, quand le mystérieux meurtre de son mentor le propulse au plus haut niveau d’Hyperborée. Son chemin, semé d’embûches politiques, va croiser celui d'Arka, une jeune guerrière à peine arrivée en ville et dotée d’un certain talent pour se sortir de situations périlleuses. Ca tombe bien, elle a tendance à les déclencher… Lui recherche l’assassin de son maître, elle le père qu’elle n’a jamais connu. Lui a un avenir. Elle un passé. Pour déjouer les complots qui menacent la ville sans vent, ils vont devoir s’apprivoiser.

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