C’est avec un sentiment bien mitigé que je referme ce sixième et dernier volume de la saga Blackwater, sobrement intitulé Pluie. J’ai d’ailleurs traîné ce ressenti tout le long de série, alternant entre tome sans réel intérêt et lecture plutôt sympathique. Si certains passages m’ont bien plu, essentiellement dans le tome cinq, je ne partage pas, et de loin, l’enthousiasme que Michael McDowell a suscité avec l’histoire de l’étrange famille Caskey. Je lui reconnais volontiers certaines qualités, néanmoins on reste pour moi sur une lecture assez moyenne.
Mais revenons à ce sixième tome. Depuis la guerre, les Caskey n’ont cessé de prospérer, d’abord grâce à la scierie, puis grâce aux immenses réserves de pétrole que l’on trouve sous les marais qui leur appartiennent. Mais l’adage voulant que l’argent ne fasse pas le bonheur n’a jamais été si vrai. Aucun des membres de la famille ne respire la joie de vivre, c’est le moins que l’on puisse dire, et Michael McDowell achève sa saga sur la décadence d’une famille qui se délite petit à petit. Tous les anciens disparaissent peu à peu au profit d’une jeune génération qui ne fait pas rêver, loin de là !
Que ce soit Myriam ou Lilah, aucune des deux n’est spécialement attachante. Ce sont des femmes d’affaires, égoïstes, aux caprices desquelles on a toujours cédé. Superficielles au possible, elles méprisent ouvertement leur entourage et je n’ai jamais tant souhaité à quelqu’un que la vie ne lui assène un gigantesque revers qui lui fasse les pieds ! Et puis cette histoire d’enfants volés à travers les générations m’a considérablement tapé sur les nerfs. Qu’est-ce que c’est que cette tradition familiale malsaine ? L’auteur nous la présente un peu comme une fatalité, mais je n’ai vu personne se battre réellement.
D’une manière générale, l’ambiance créée par Michael McDowell a été louée par tous et j’étais d’accord, au début en tout cas. Puis, insidieusement, j’ai trouvé les choses de moins en moins crédibles. Elinor est de toute évidence douée d’une prescience extraordinaire, mais ça ne surprend personne, tout le monde l’accepte comme une évidence, comme on accepte les frasques de Myriam, puis celle de Lilah ; les morts s’accumulent chez les Caskey, mais là encore, personne ne se pose de question, on les sent même limite indifférents. On n’est plus dans le maintien du mystère, là, on est dans la facilité, et ce que je pardonne aisément au début d’une saga, je ne l’accepte plus à la fin.
Sans l’extraordinaire travail des éditions Monsieur Toussaint Louverture - la qualité des objets livres et la promotion à outrance notamment, sans parler de la publication sous forme de feuilleton qui était LA bonne idée - les trois quarts de ceux qui la portent aux nues seraient passés à côté de Blackwater. Bravo à l’éditeur, donc, mais quant à moi, je reste globalement déçue malgré un tome cinq très sympathique.
Mr Toussaint Louverture (2022) - 253 pages - Support numérique - Fantastique & Horreur
Si le clan Caskey accuse le poids des ans, il est loin de s’être assagi : révélations écrasantes, unions insolites et réceptions fastueuses rythment leur vie dans une insouciance bienheureuse. Mais quelque chose surplombe Perdido, ses habitants et ses rivières. Le temps des prophéties est enfin venu.
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