Vous connaissez le proverbe : il ne faut jamais dire “Fontaine, je ne boirai pas de ton eau” ? Pas plus tard que fin septembre, je déclarais crânement qu’il n’y avait pas moyen que je lise le second tome de la saga Le chaos en marche, de Patrick Ness, tant la lecture du premier m’avait été pénible. Hum… Vous me voyez venir de loin, pas vrai ? On se retrouve aujourd’hui avec la chronique de ce fameux tome 2 intitulé Le cercle et la flèche. Qu’est-ce qu’il m’a pris ? J’ai voulu faire plaisir ! Avec certaines personnes, je ne sais toujours pas dire non...
En l’occurrence, ça a plutôt été une bonne chose et j’ai été récompensée de ma bonne action ! L’auteur change ici toute sa dynamique de narration en proposant deux points de vue : celui de Todd, mais aussi celui de Viola. Ceci, ajouté à l’évolution psychologique de son jeune héros qui passe moins de temps à geindre et plus à agir, fait que cela passe mieux, bien mieux, que dans le premier tome. Autant dire que j’ai nettement préféré celui-ci, cela se voit au nombre des étoiles.
On retrouve donc Todd et Viola dès leur arrivée à Haven, aux prises avec le terrible Maire Prentiss, qui se fait désormais appeler Président. Et oui, l’ambition n’a pas de limite, au point de renommer la ville New Prentissville ! À nouveau séparés, ils se retrouvent sous l’emprise de deux mentors différents et pourtant semblables par bien des côtés, notamment leur désir de les manipuler pour arriver à leurs fins.
J’en parlais plus haut, la narration s’est considérablement simplifiée, ou plutôt normalisée, devrais-je dire, ce qui m’a été un réel soulagement, je l’avoue. Pourtant, le “bruit” est toujours bel et bien présent. Haven avait certes trouvé un remède, mais on le lui refuse désormais. Todd va apprendre à ses dépends que le Maire est capable de contrôler son propre bruit, voire même de l’utiliser au point d’en faire une véritable arme. De son côté, Viola rejoint les rangs de la résistance et découvre le “quoi-qu’il-en-coûte”. Une petite phrase, qui apparaît plusieurs fois dans le récit, résume bien la situation de nos jeunes héros et de ce à quoi ils sont confrontés : “Nous sommes les choix que nous faisons”. Voilà qui veut tout dire, non ?
Âmes sensibles s’abstenir, c’est un roman sombre et dur ! Patrick Ness poursuit sa réflexion autour de la soif de pouvoir, de la violence, de la guerre et de ce que tout cela peut engendrer sur un esprit aussi malléable que celui d’un adolescent. Avec ce récit, on accède au YA dans ce qu’il a de plus réussi : une histoire qui parle d’ados mais de manière terriblement adulte, avec des problématiques d’adultes. Il y a de vraies questions qui sont soulevées, avec beaucoup de nuance et des idées fortes. Alors, moi qui avais détesté le premier tome, j’ai littéralement dévoré celui-ci et je le recommande bien volontiers. Comme quoi, il ne faut vraiment jamais dire “Fontaine, je ne boirai pas de ton eau” !
Editions Gallimard (2010) - 460 pages - Support Papier - Ados & YA
En voulant fuir une armée implacable, Todd et Viola sont séparés. Emprisonné, maintenu sous l’emprise de son pire ennemi, Todd est-il prêt à se soumettre et perdre Viola à jamais ? Et qui se cache derrière la mystérieuse Flèche ? Mêlés à un conflit qui les dépasse, Todd et Viola n’ont qu’un seul but : se rejoindre. Leur lien sera-t-il plus fort que le pouvoir ? Mais, tandis qu’ils sont entraînés dans des camps adverses, peuvent-ils encore se faire confiance ?
Le site de l'auteur : https://patrickness.com/
0 commentaires