L'innocence des bourreaux, de Barbara Abel
L'innocence des bourreaux, ou comment explorer la frontière entre innocence et culpabilité et découvrir ce qui peut transformer une victime en criminel et inversement. Telle est la thématique de ce roman, lequel constitue ma troisième excursion dans l’univers de Barbara Abel. Si j’avais apprécié Derrière la haine, sa suite, Après la fin, m’avait laissée au bord de la route. La nécessité d’une histoire de casse pour un challenge m’a convaincue de lui laisser à nouveau sa chance avec celui-ci.
L’idée de départ, celle de gens ordinaires qui se retrouvent mêlés à un drame qui les dépasse de loin, était pourtant chouette. Un panel d’individus est pris en otage dans une supérette de quartier par un junkie, qui va savourer, durant quelques instants, le pouvoir inattendu qu’il détient sur ces gens. Et puis soudain, tout bascule et les rôles s’inversent. L’aspect psychologique de la situation s’annonçait intéressant et je me suis lancée sans me méfier. Malheureusement, il y a une chose qui fait perdre une grande part de crédibilité à cette histoire : le fait que, justement, les personnages que l’on suit ne sont pas des gens ordinaires.
Au fur et à mesure que se déroule le récit, l’autrice nous plonge dans le passé de ses protagonistes, et on se rend vite compte, non seulement que peu d’entre eux sont complètement innocents, mais surtout qu’ils ont tous une part d’ombre en eux. Et quand je dis une part, c’est quand même une sacrée part ! Du coup, quelle est la probabilité qu’un panel de ce genre se trouve réuni en un même lieu, au même moment, et confronté à cette sorte de situation ? Aucune. Dès lors, difficile de se laisser emporter, d’autant plus que leur part de ténèbres ne nous les rend pas vraiment attachants. Ne vous attendez pas à un suspens insoutenable, je n’ai personnellement éprouvé qu’une vague curiosité, tout au plus.
Et puis soudain, le huis clos se transforme en cavale et… devient encore moins intéressant ! Parce que l’on sait pertinemment comment tout cela va finir. N’avez-vous jamais terminé un livre en vous disant : “Tout ça pour ça” ? Eh bien, on est en plein dedans ! Finalement, la plupart des personnages n’auront eu que ce qu’ils méritaient, sans surprise, et on passe complètement à côté d’une thématique qui aurait pu s’avérer passionnante. J’ai l’impression que l’autrice s’est un peu perdue en route et qu’à trop vouloir en faire, elle a oublié d’approfondir et perdu en crédibilité. Malgré une écriture fluide et agréable, je suis clairement restée sur ma faim.
Editions Belfond (2015) - 240 pages - Support numérique - Thrillers & Polars
Dans une supérette de quartier, quelques clients font leurs courses, un jour comme tant d’autres. Parmi eux une jeune maman qui a laissé son petit garçon de trois ans seul à la maison devant un dessin animé. Seulement quelques minutes le temps d’acheter des couches pour la nuit. Parmi eux, un couple adultère. Parmi eux une vieille dame et son aide familiale, un caissier qui attend de savoir s’il va être papa, une mère en conflit avec son adolescent. Des gens normaux, sans histoire, ou presque. Et puis un junkie qui, à cause du manque, pousse la porte du magasin, armé et cagoulé. Mais quand le braquage tourne mal et que, dans un mouvement de panique, les rôles s’inversent, la vie de ces hommes et femmes ordinaires bascule dans l’horreur. Dès lors, entre victimes et bourreaux, la frontière est mince. Si mince… Un huis clos dont la tension psychologique grimpe jusqu'à son paroxysme. Chez Barbara Abel, pas besoin d'artifices, c'est notre quotidien à tous qui peut devenir l'enfer.
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