On se retrouve aujourd’hui avec la poursuite de ma découverte des romans d’Arnaud Cazelles, auteur français dont j'ai adoré Balles perdues, chez Oneiroi, l’année dernière. Nous regrettons la mort prend place dans un univers fantasy original et bien construit et retrace l’histoire de Fàinella, une inquisitrice chargée de capturer la Corneille Blanche, une des sorcières les plus renommées de son temps.
Quand je parlais d’un univers bien construit, jugez plutôt. Le peuple insulaire “barbare” dont est issue Fàinella m’a semblé assez proche de la civilisation viking : organisé en clans, vénérant plusieurs dieux auxquels sont confiées les saisons, craignant la magie druidique. Mais l’archipel de Rarmoàn vit aussi sous la férule de l’Inquisition du Culte du Grand Œil, qui cherche à éradiquer ces anciennes croyances en commençant par exterminer toutes les sorcières, bonnes ou mauvaises. Pourquoi ? Parce qu’un jour, l’une d’elles a éradiqué la mort, transformant tous les défunts en spectres dévoreurs.
Fàinella a volontairement quitté les siens à l’âge de 11 ans pour rejoindre les rangs de l’Inquisition. Elle est devenue Sœur Mahagarta, une chasseuse de sorcières, et revient sur les terres qui l’ont vue naître en quête d’une promotion, conditionnée par la capture de la fameuse Corneille Blanche.
De nombreuses retranscriptions de courriers, discours ou écrits historiques divers nous permettent de découvrir l’univers et tous ses enjeux. Bien que très intéressants parce qu’ils donnent de la profondeur au récit, ils sont cependant très (trop ?) nombreux et nous coupent souvent dans notre lecture, ce qui est un peu dommage. J’ai également trouvé celle-ci ardue du fait du choix de la police d’écriture. Elle est vraiment trop petite, d’autant plus que les dialogues sont somme toute assez rares. Les pages sont donc très chargées, ce qui ne donne pas toujours envie de s’y plonger.
Du côté des points positifs, je citerai bien évidemment l’évolution de Fàinella. C’est un personnage assez fascinant, partagé entre son amour rentré pour les siens et l’éducation stricte qu’elle a reçue. Au début du récit, elle se présente comme une inquisitrice intransigeante, voire méprisante, convaincue du bien-fondé de sa mission. Mais elle va très vite se rendre compte que tout n’est ni tout noir ni tout blanc, et que le Grand Inquisiteur qui l’envoie cache peut-être de sombres desseins. Elle est entourée de personnages secondaires sympathiques, qui nous permettent de disposer de points de vue différents sur la situation.
Si j’ai beaucoup aimé l’univers, les personnages ainsi que l’atmosphère celtique dans laquelle l’intrigue se déroule, il n’en reste pas moins que ma lecture n’a pas été un long fleuve tranquille. J’ai mis du temps à rentrer dans l’histoire, la faute à quelques problèmes de rythme et à ces longs pavés sans le moindre dialogue. Je devais parfois me forcer un peu pour reprendre ma lecture, même si certains passages ont réussi à m’emporter comme par magie. Un sentiment un peu mitigé, donc, mais la conviction qu’Arnaud Cazelles est capable du meilleur et l’intention de le suivre de près.
Editions Les Trois Nornes (2022) - 251 pages - Support papier - Fantasy
Le temps de la mort n’est plus. Seul nous reste le Grand Œil. 1219 après les Grandes Larmes. Les sorcières causent la fin de la mort et la création d’infranchissables murs de brume. Contraints de chasser les défunts transformés en spectres dévoreurs, les Hommes se tournent vers le Culte du Grand Œil. Soeur Mahagarta, inquisitrice de l’Ordre de l’Iris Argenté, retourne sur la terre de son enfance, l’île de Tuewlik, pour assister à la noyade de sa mère. Accompagnée de son vieux voisin, la chasseuse de sorcières compte respecter la mission qui lui a été confiée : assassiner la Corneille Blanche.
Le compte Twitter de l'auteur : https://twitter.com/ArnaudCazelles
2 commentaires
Il m'avait énormément intriguée quand l'éditrice en avait parlé à sa sortie, et ton avis est le premier que je vois passer. Ma curiosité reste entière, et j'y entrerai en connaissance de cause sur les quelques soucis que tu en as relevés !
RépondreSupprimerJe serai curieuse d'avoir ton ressenti le jour où tu le liras... :)
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