Le Maître est le dernier tome de la trilogie La Maison des Jeux, de Claire North. Cette fois, on ne joue plus à l’échelle d’une ville (Venise, au début du 17e siècle), ni même d’un pays (la Thaïlande des années 30), mais de la planète entière, et l’affrontement final est celui du mystérieux Argent contre la Maîtresse des Jeux elle-même, au cours d’une mémorable partie d’échecs grandeur nature.
Je m’attendais à quelque chose de grandiose, je l’avoue, un coup tordu génialissime qui graverait cette saga dans mon esprit une bonne fois pour toutes. Bon, c’est raté. Le narrateur, c’est Argent, et il a cessé de prendre à partie le lecteur pour simplement raconter son histoire. Celle d’un des plus vieux joueurs de la Maison des Jeux qui, après des décennies, voire peut-être même des siècles, de préparation, lance un défi à la Maîtresse des Jeux. Mais les forces en présence sont complètement déséquilibrées…
Et j’ai trouvé qu’Argent n’était pas aussi malin qu’on voulait bien nous le faire croire. Parce qu’au final, ce troisième tome n’est qu’une succession de conflits entre grandes puissances internationales, obscurs groupuscules ou organisations d’état manipulés par l’un ou l’autre joueur. Il y en a tellement, et tout va tellement vite, qu’au final, on n’en retient rien du tout. Pendant des pages, Argent ne fait que prendre la fuite et le déséquilibre entre les forces est tellement flagrant que cela n’a pas grand intérêt.
Alors on espère toujours le coup fourré, le plan machiavélique qui va le sortir de là et lui permettre de remporter la partie. Sauf que ledit plan n’a rien de très élaboré et qu’en plus, à trop vouloir ménager son suspens, l’autrice nous l’a rendu difficile à croire. Sans parler de l’identité de la Maîtresse des Jeux qui devient très vite évidente, et d’une fin ouverte qui m’a clairement fait grincer des dents. Elle met en exergue, s’il en était encore besoin, toute l’absurdité du jeu face au nombre de vies qu’il aura coûté, mais je déteste les fins ouvertes !
En bref, j’espérais une intrigue beaucoup plus complexe, avec un plan brillamment élaboré par Argent, et je suis un peu passée à côté. Dans l’ensemble, j’ai trouvé ce final assez décevant et si je semble sévère, c’est sans doute que j’en attendais beaucoup. L’idée de la saga était originale et sympathique, mais elle me laisse un sentiment mitigé, celui d’une expérience qui n’aurait pas complètement abouti. Dommage.
De nos jours. Le joueur connu sous le surnom d'Argent a défié la Maîtresse de Jeu elle-même. Fini, les intrigues de cours : c'est désormais le Grand Jeu, à côté duquel les jeux précédents, comme gagner une élection ou jouer à cache-cache à travers un pays entier pour sauver sa mémoire, semblent dérisoire. Le globe terrestre est désormais réduit aux dimensions d'un échiquier, à travers lequel Argent doit tracer sa voie s'il veut vaincre son adversaire. Ici, les deux protagonistes jouent pour le contrôle de la Maison des Jeux, et ont pour pièces non des personnes mais des armées entières, des factions, des organisations, des nations même. Le résultat de cette partie déterminera l'orientation du monde ; plus rien ne sera désormais comme avant...
Le site de l'autrice : https://www.clairenorth.com/
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