610 secondes, de Cécile Duquenne


On se retrouve aujourd’hui avec le dernier roman de Cécile Duquenne, un livre autoédité sur Amazon, à travers lequel l’autrice formatrice abandonne sa zone de confort, à savoir l’imaginaire, pour se lancer dans le thriller psychologique. Un genre assez codifié, essentiellement basé sur le suspens et le frisson qu’il est censé générer chez les lecteurs. Pour être abonnée à la newsletter de Cécile, je sais de source sûre qu’elle ne s’est pas lancée là-dedans sans préparation, mais la question est : cela aura-t-il suffi à faire de cette petite expérience une réussite ?

L’histoire est celle de Sixtine Martini, garde du corps qui vient d’assister aux obsèques de sa sœur aînée, assassinée. Elle ne tarde pas à découvrir que Camille se savait menacée, parce qu’elle était, de par son métier de journaliste, sur les traces d’un tueur en série. Elle lègue toutes ses recherches à sa sœur et lui demande de poursuivre l’enquête. Pour Sixtine, ce sera l’occasion d’une plongée dans les souvenirs d’un passé plus que torturé, mais aussi la découverte d’une part bien sombre de l’humanité.

Je trouve qu’en imaginaire, le point fort de Cécile, ce sont ses personnages féminins, et c’est encore le cas dans ce roman. Sixtine fait partie de ces femmes fortes qui ploient mais ne rompent pas. Malgré une enfance complexe -elle aurait mis le feu à la maison de ses parents à l’âge de huit ans, et ainsi causé la mort de l’un de ses frères-, elle s’est construit une vie faite de voyages et d’action, et s’est trouvé une seconde famille auprès de ses amis, Akim et Tarisai. On la sent fragile et forte en même temps, mais ses émotions sonnent toujours justes.

C’est plus au niveau de l’intrigue que le bât blesse, surtout pour qui a lu des centaines de thrillers depuis des dizaines d’années. Parce que ce qui ressemblait à une idée de génie a en fait déjà été écrit, avec moins d’approximations et de facilités, chez Cédric Sire notamment. En outre, à trop vouloir construire une intrigue complexe et tortueuse, pleine de mystère et de surprises pour le lecteur, on tombe un peu dans la surenchère. Les sous-intrigues s’accumulent -tueurs en série multiples, trouble dissociatif de l’identité, communauté religieuse aux allures de secte, manipulation et pédophilie…- dans un joyeux mélange qui finit par manquer de crédibilité et faire s’écrouler la pile.

En s’attaquant au genre du thriller, Cécile Duquenne n’a clairement pas choisi la facilité. Elle nous livre un roman dont il se dégage beaucoup d’enthousiasme, mais aussi de maladresse. Une jolie tentative autour d’une héroïne sympathique, mais il lui manque encore, je pense, l’expérience du milieu.

Note : ☆☆

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610 secondes, de Cécile Duquenne
Autoédition (2024) - 266 pages - Support papier - Thrillers & Polars

Toutes les familles ont des secrets. Celle des Martini détient le plus explosif d’entre eux… Il fait bon vivre et mourir, dans la Provence des cigales et des lavandes. Après des années d’exil plus ou moins choisi, Sixtine Martini revient au pays natal ciotaden pour répandre les cendres de sa sœur, Camille, dont le corps a été retrouvé dépecé sur un chemin de randonnée, non loin du Cap Canaille. La piste du crime passionnel est d’abord privilégiée, puis très vite écartée. Car Sixtine découvre que Camille savait qu’elle allait être assassinée, mais qu’elle n’a rien fait pour y échapper… En plus de l’héritage, Camille laisse à sa sœur un macabre jeu de piste visant à retrouver la trace de son tueur. Un tueur qui n’en est pas à son premier essai, et qui abandonne derrière lui une série de cadavres dans lesquels il dépose toujours un improbable petit tas de sable. Détail inexplicable, mais constant. Comme une piste qu’il chercherait à voir remontée. Entre secrets de famille et faux-semblants, usurpations d’identité et trahisons, Sixtine démêle les fils du passé et rassemble les pièces d’un puzzle impossible… Qui a tué Camille et pourquoi ? S’agit-il vraiment d’un tueur en série qui l’a choisie par hasard ? Ou bien est-ce le fruit d’une machination longuement mûrie ? Pourquoi Camille n’a-t-elle rien fait pour empêcher sa propre mort ? Et surtout, bien qu’elle n’ait pas tué sa sœur, Sixtine est-elle si innocente que cela dans toute cette affaire ? Pas si sûr.

Le site de l'autrice : https://cecileduquenne.com/

2 commentaires

  1. Dommage pour la surenchère même si l'héroïne a l'air intéressante. Je tenterai de lire l'autrice dans un autre registre...

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    1. J'ai beaucoup aimé les deux premiers tomes de sa saga Les foulards rouges. Il me reste le troisième à me procurer, d'ailleurs...

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