La mémoire fantôme, de Franck Thilliez

En 2023, j’avais donné la priorité aux thrillers, et l’imaginaire m’avait manqué. Cette année, j’ai donné la priorité à l’imaginaire, et je vous le donne en mille… C’est donc avec beaucoup d’attentes que je me suis lancée dans la suite des aventures de Lucie Hennebelle avec La mémoire fantôme, quatrième tome de ce que l’on peut considérer comme une vaste saga, celle de Sharko & Hennebelle.

La thématique de ce roman est des plus intéressantes, puisqu’il s’agit du fonctionnement du cerveau et, en particulier, de la mémoire. C’est l’histoire de Manon, une jeune femme dont le cerveau a manqué un peu trop longtemps d’oxygène au cours d’une agression - on a essayé de l’étrangler. Ses hippocampes se sont atrophiés, la rendant incapable d’enregistrer de nouveaux souvenirs. Franck Thilliez est un habitué du genre, il introduit fréquemment ce genre de troubles dans ses romans, et une fois de plus, c’est très bien traité. J’ai adoré découvrir la manière dont s’articulent nos différentes mémoires, ainsi que les conséquences de cette terrible perte chez Manon.

C’est d’ailleurs un personnage très attachant. La voir batailler pour réussir à gérer son quotidien fait mal au cœur, et sa dépendance à la technologie comme à son entourage fait vraiment peur. Le hic, c’est que justement, on s’attache à elle plus qu’à l’héroïne, Lucie Hennebelle. Je ne l’avais déjà pas beaucoup aimée dans La chambre des morts, et cela ne s’est pas arrangé ici. Elle ne m’inspire aucune espèce d’empathie. On sent pourtant qu’elle a vécu des choses difficiles mais le propos est tellement appuyé, sans subtilité, qu’on n’a tout simplement pas envie de marcher. C’est ce qui coûte sa cinquième étoile à ce roman, car à côté de ça, l’intrigue est plutôt sympathique et son dénouement bien trouvé.

Je n’ai pas le bagage scientifique nécessaire pour juger de la crédibilité des évènements, et quelque part c’est tant mieux parce qu’apparemment, le bât blesse, mais je me suis laissée emportée très facilement. Ces énigmes mathématiques, ces histoires de manipulations… L’enquête est bien menée, bien ficelée, et je ne me suis pas ennuyée une seconde. Je tournais les pages sans m’en apercevoir, dévorée par l’envie de connaître le fin mot de l’histoire. C’est efficace et l’auteur maîtrise son suspens à la perfection, même si j’avais deviné une partie du dénouement, habitude oblige.

Une lecture somme toute sympathique, idéale pour commencer l’été sous les meilleurs auspices. Une thématique passionnante, une intrigue addictive et un auteur qui excelle à ménager le suspens. Que demander de plus ? Une héroïne un peu moins artificielle, peut-être, et après, ce sera parfait !