Holly, de Stephen King

J’ai lu récemment American Elsewhere, de Robert Jackson Bennett, un livre qui m’a tellement rappelé les King de ce que j’appelle par devers moi la “grande époque” qu’il m’en a rendue nostalgique. Forcément, après ça, Holly, je l’attendais un peu au tournant, même si je savais bien qu’on serait plus proche de Mr Mercedes que de Ça ou du Fléau. Avec un roman intitulé du prénom de la collaboratrice de Bill Hodges, on était dans le polar, forcément, pas dans le fantastique. Encore que L’outsider me ferait mentir, mais ce n’est pas le sujet.

Sans surprise donc, on retrouve Holly Gibney quelques années après le décès de Bill, en 2021 pour être exacte, en pleine pandémie de coronavirus. À la tête de Finders Keepers, l’agence de détectives privés de Bill, Holly vient de perdre sa mère, cette mère étouffante qu’elle aimait malgré tout. Partagée entre des sentiments contraires, entre tristesse et une certaine forme de soulagement, elle accepte de mener une enquête bien que l’agence soit fermée pour les obsèques. La disparition d’une jeune femme qui, comme Holly va bientôt s’en rendre compte, n’est pas un cas complètement isolé dans le quartier...

J’aime beaucoup King, j’ai tout lu de lui et je continuerai tant que de nouveaux romans sortiront. Il faut pourtant bien reconnaître que celui-ci est vraiment très classique. Je ne prétends pas ne pas avoir aimé, attention, je dis juste que c’est un bon polar, avec une héroïne très attachante et que j’aime beaucoup, mais quand on a déjà lu beaucoup de thrillers, comme c’est mon cas, on se rend compte qu’il n’a rien d’extraordinaire non plus. Ni dans la construction de l’intrigue, ni dans les horreurs que les victimes ont subi. Certains ont écrit bien pire.

Malgré tout, c’est plaisant à lire, et j’ai passé un bon moment de lecture. Non seulement parce que Holly est un personnage qui m’a toujours touchée, entre une sensibilité exacerbée et une détermination sans faille, mais aussi parce que le couple Harris m’a un rien amusée. Ces deux vieillards qui s’aiment si fort, au point qu’ils sont absolument prêts à tout, à tout, pour prolonger leur vie commune, avaient eux aussi quelque chose de touchant, étonnamment. Et puis, que ce soit en fantastique ou en thriller, le talent de King pour créer des personnages extraordinaires n’est jamais démenti.

L’écriture a toujours été pour lui un moyen détourné de nous parler de lui et de ses plus grandes peurs, et Holly n’échappe pas à la règle. Cette fois, il est question de maladie et de vieillesse, ainsi que de cette épidémie de Covid-19 qui a bouleversé notre quotidien il n’y a pas si longtemps. Il évoque aussi la poésie à travers Barbara, la jeune sœur de Jérôme, l’ami d’Holly, et la présidence de Donald Trump. Autant de sujets qu’il avait besoin d’exorciser et qui prouvent, une fois de plus et si besoin était, qu’il sait vivre avec son temps.

Un bon thriller, en compagnie de la lumineuse Holly. S’il ne figurera pas parmi mes romans préférés de Stephen King, je l’ai néanmoins dévoré. L’intrigue est maîtrisée, les personnages sont parfaitement bien construits comme d’habitude et, s’il m’a manqué un peu de machiavélisme et de tension, j’ai cependant passé un très bon moment. A lire sans faute si vous avez apprécié la trilogie Mr Mercedes.

Note : ★★★★☆

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Holly, de Stephen King
Albin Michel (2024) - 501 pages - Support numérique - Thrillers & Polars

Dans une jolie maison victorienne d'une petite ville du Midwest, Emily et Rodney Harris, anciens professeurs d'université, mènent une vie de retraités actifs. Malgré leur grand âge, les années semblent n'avoir pas avoir de prise sur eux. À quelques pas de leur demeure, on a retrouvé le vélo de Bonnie Dahl, récemment disparue. Elle n'est pas la première à se volatiliser dans ce périmètre. Chose étrange : à chaque fois, il s'agit de jeunes gens. Quels secrets inavouables cachent les murs tapissés de livres des époux Harris ? Sur l'insistance de la mère de Bonnie, Holly Gibney accepte de reprendre du service. Elle est loin d'imaginer ce qui l'attend : une plongée dans la folie humaine, là où l'épouvante n'a pas de limite. Avec ce nouveau chef-d’œuvre, on retrouve un Stephen King au sommet de l'horreur, et son enquêtrice Holly, célèbre héroïne de la trilogie Mr Mercedes et de L'Outsider.

Le site de l'auteur : https://stephenking.com/

2 commentaires

  1. J'avais adoré la trilogie de M. Mercedes et le personnage de Holly. Seulement, j'ai appris, grâce à certaines chroniques, qu'on trouve Holly dans Outsider et Si ça saigne, alors je pense les lire avant. Dommage, car sinon je me serais jetée sur cette dernière parution du King.

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    1. En effet, je te conseille de les lire avant, c'est toujours mieux ! 😉

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