Les fins de sagas me sont souvent douces-amères. Je suis à la fois heureuse de connaître le fin mot de l’histoire et triste de quitter l’univers et les personnages. La Tour de Garde, et les deux sagas dont elle est composée, Capitale du Sud et Capitale du Nord, ne font pas exception à la règle. C’est un peu la tristesse qui l’emporte aujourd’hui, j’aurais bien passé davantage de temps sur le domaine de la tour, mais L’armée fantoche apporte un beau final aux aventures d’Amalia, Yonas et même Nox d’une certaine manière.
Attention, spoilers, ne lisez pas la suite si vous n’avez pas lu l’ensemble de la saga et si vous avez l’intention de la lire !
On retrouve Amalia et Yonas après leur fuite d’une Dehaven en pleine guerre civile. C’est à la tour de garde qu’ils vont échouer, un vieux domaine en ruine sur une île au beau milieu d’un lac, et c’est là qu’ils vont faire la connaissance des héros de Capitale du Sud : Nox et Symètre. Ensemble, ils vont construire une communauté pour les gens de bonne volonté, qui n’ont nulle part ailleurs où aller. Vous l’aurez compris si vous avez lu Les contes suspendus, la première partie du roman est une redite de ce qu’il s’y est passé, mais du point de vue d’Amalia.
Si elle et Nox sont deux personnages à la sensibilité bien différente, il n’empêche que l’on connaît déjà tout ça et que cela m’a un peu chiffonnée, parce que cela s’étend sur près d’un quart du bouquin quand même. Heureusement, Claire Duvivier, si elle n’avait d’autre choix que de rattraper le récit écrit par son complice, Guillaume Chamanadjian, avait néanmoins bien d’autres choses à nous raconter. Notamment ce qu’il s’est passé du côté des colonies, où Aliss, la mère de notre héroïne, était partie calmer le jeu dès le premier tome.
C’est l’occasion pour l’autrice de dynamiser son récit, et elle y réussit fort bien. La suite est prenante et je l’ai littéralement dévorée, malgré la froideur persistante du personnage d’Amalia. Alors oui, c’est tout à fait assumé et dû à l’éducation qu’elle a reçue, mais cela déborde sur tout le reste et, au final, le roman manque un peu de l’émotion qu’apportait Yonas, lequel est dans ce dernier tome plutôt effacé. D’autres choses m’ont interpellée, en particulier le fait que les événements qui nous sont comptés ici sont assez essentiels pour la tour de garde, et qu’ils ne sont pas mentionnés dans Les contes suspendus.
C’est dommage, car cela donne l’impression que ce dernier tome a été ajouté après coup, et pas pensé dès le départ. J’ai également regretté une certaine confusion dans l’affrontement entre le serpentaire et le héraut, en particulier concernant le revirement de l’armée. Or, l’ensemble des deux sagas repose sur cette partie grandeur nature de tour de garde, il était essentiel qu’elle soit clairement amenée et je n’ai pas trouvé que c’était le cas dans L’armée fantoche. Peut-être que quelques chapitres du point de vue de l’un et l’autre protagonistes auraient aidé ?
Bon, je chipote un peu, c’est vrai. Il y a de très belles choses dans ce dernier tome et franchement, j’ai passé un très bon moment. Le final est un peu étrange, tout en narration, mais il a le mérite d’apporter des réponses à (presque) toutes les questions qu’on pouvait se poser. Je suis triste de quitter cet univers, mais ravie de l’avoir découvert et je recommande bien volontiers l’ensemble des six tomes.
Aux Forges de Vulcain (2023) - 537 pages - Support numérique - Fantasy
Après l’échec de la conjuration du Solstice, Amalia Van Esqwill et Yonas Russmor ont fui Dehaven et trouvé refuge dans les ruines de la tour de Garde. Aidés d’autres fugitifs, ils tâchent d’en faire un havre de paix pour tous ceux que la répression ou la guerre chassent de chez eux. Pour autant, la jeune femme n’oublie pas que le héraut des tréfonds menace encore. Mais comment parviendra-t-elle à l’arrêter ? Malgré toute son éducation, elle ne connaît ni l’usage des armes ni l’art de la magie…
2 commentaires
Je n'ai pas eu l'impression que "L'armée fantoche" avait été ajoutée après coup mais plutôt que, entre ces deux derniers tomes (Sud et Nord) qui se croisent pas mal, il y a eu cette interrogation de comment ne pas trop en dire dans le 3 du Sud pour qu'il y ait de la découverte dans le 3 du Nord et pas juste de la redite avec changement de point de vue. Finalement, dans ce dernier tome, c'est surtout le personnage d'Amalia qui m'aura chiffonnée, avec les explications de pourquoi elle est comme ça alors que je n'ai pas ressenti son personnage de la même façon. Cela dit, comme toi, j'ai apprécié ma lecture et je recommande chaudement cette série !
RépondreSupprimerBah, il y avait moyen de mentionner ces évènements importants sans pour autant les raconter dans le détail. Là, cela m'a un peu donné l'impression que cela tombait comme un cheveu sur la soupe, comme si Chamanidjian n'avait même pas été au courant... Mais bon, oui, des défauts comme dans tous les livres, il n'empêche que c'était très chouette et que je ne regrette ni mes achats ni ma lecture ! ;)
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