Les marches des géants, de Manon Fargetton

On se retrouve aujourd’hui avec la chronique des Marches des géants, de Manon Fargetton, le premier tome du Cycle des Secrets, une nouvelle saga de fantasy parue chez Gallimard. De cette autrice, j’avais beaucoup aimé Les illusions de Sav-Loar qui parlait de magie, mais aussi de liberté, de vengeance, de religion, d’intrigues politiques et de rédemption. J’attendais beaucoup de ce retour aux sources, tout en craignant un côté peut-être trop jeunesse à mon goût.

L’intrigue prend place à Aletheia, une cité enclavée entre les montagnes, au bord de la mer. Régie par un système de castes, c’est une monarchie qui semble bien près d’entrer en guerre contre l’empire voisin, lequel coule ses bateaux de pêche sans raison apparente. On suit les pas de Lora, jeune héritière d’un vaste domaine, tirée au sort pour participer à l’Assemblée et y représenter sa caste, celle des marins. Entre trahisons et complots, la jeune fille devra trouver sa place au sein de jeux politiques parfois bien troubles.

Lora n’est pas la seule héroïne de cette histoire. Il y a aussi Equinoxe, sorcière deux fois millénaire qui tire son pouvoir de la magie des secrets. Dévorée d’ambition, elle se méfie de tout et de tous, et elle est obsédée par l’idée d’amasser suffisamment de pouvoir pour assurer sa propre sécurité. Si je me suis très vite attachée à Lora, dont la fragilité cache une détermination à toute épreuve, j’ai eu beaucoup plus de mal avec Equinoxe, dont l'omnipotence m’a souvent fait lever les yeux au ciel. Capable de pénétrer l’esprit des gens pour les manipuler, de changer d’apparence ou encore de sortir de son propre corps sous une forme spirituelle, l’autrice finit par en faire une magicienne toute puissante à laquelle on a du mal à croire. Sans parler du fait qu’elle dégage une froideur qui ne nous la rend pas très sympathique.

Du côté de l’univers, j’aurais aimé que le système de castes soit davantage exploité, notamment à travers des personnages secondaires plutôt intrigants, comme Myst ou Sol. Quant à la magie… Les secrets sont propices aux jeux de pouvoir, dans le sens où ils permettent de faire chanter les gens, par exemple. Soit, mais je ne vois pas ce qu’il y a de magique là-dedans et l’autrice n’a pas su me persuader du contraire. Le postulat de départ, c’est que chaque nouveau secret déniché par Equinoxe accentue sa puissance magique. Alors c’est bien gentil de l’affirmer, encore faut-il nous proposer des éléments qui permettent d’y croire, ce qui m’a ici fait défaut.

Je referme donc Les marches des géants avec un sentiment un peu mitigé. L’intrigue a du potentiel, elle est sympathique, mais c'est un tome d'introduction qui manque selon moi de profondeur et de complexité. Et puis surtout, on n’adhère pas vraiment au système de magie, tout paraît trop facile. Un roman qui n’a pas su piquer ma curiosité jusqu'au bout et dont je ressors un peu déçue.