L'armée de Darwin, de Xavier Müller

On se retrouve aujourd’hui en direct d’une terrible déception. J’avais tellement aimé le premier tome de la saga de Xavier Müller, Erectus, que je me suis dépêchée de me procurer le second et de m’y plonger, non sans me demander, quand même, ce que l’auteur allait pouvoir inventer après ça. Mon intuition n’était pas très éloignée de la vérité : difficile de faire mieux, et même aussi bien, sans tomber dans la surenchère assez peu crédible.

L’armée de Darwin nous ramène auprès d’Anna quelques années après la fin d’Erectus. Elle s’est installée au Kenya avec sa fille (et celle de Yann) de sept ans, une enfant qu’on nous présente comme précoce, et qui se comporte en effet comme une ado du double de son âge. Toutes deux semblent heureuses, elles ont trouvé un équilibre, jusqu’au jour où un nouveau virus se répand. Un virus fabriqué par l’Homme, cette fois, qui a tous les symptômes du Kruger mais en plus virulent et qui transforme dix pour cent des infectés en surhomme aux pouvoirs surnaturels appelés Ganesh.

Je suis un peu passée à côté, et ce pour plusieurs raisons. La première est une question de crédibilité. Nos ancêtres Homo Erectus auraient été doués de télépathie et capable d’entrer en transe comme des shamans et d’avoir des visions ? Je ne suis pas paléontologue, loin de là, mais j’avoue que la couleuvre a eu du mal à passer. Sans parler des capacités des Ganesh : sans trop entrer dans les détails pour ne pas vous spoiler, seulement trois d’entre eux réussissent à prendre le contrôle mental de tous les erectus à travers le monde ! Vous avez dit too much ?

La seconde raison, c’est que l’intrigue s’attache un peu trop souvent à des personnages dont on n’a pas grand-chose à faire, tout simplement parce qu’on ne les connaît pas et qu’ils ne font que passer. Durant ces passages, j’avoue m’être un peu ennuyée. Par exemple, Anna disparaît pendant une partie du récit. J’aurais préféré lire ce qu’il lui arrivait plutôt que découvrir de nouveaux personnages très secondaires et amenés à disparaître aussi vite qu’ils étaient apparus. J’avais un peu l’impression que l’auteur faisait du remplissage pour éviter certains sujets, à des fins de maintien du suspens peut-être.

Ajoutez à cela un dénouement un peu trop brutal, et vous prendrez la pleine mesure de ma déception. Au final, le premier tome se suffisait à lui-même et peut-être que Xavier Müller aurait dû se contenter de celui-là et passer à tout autre chose. Je ne suis pas sûre d’avoir très envie de terminer la trilogie, en tout cas pas tout de suite. Je crains que Le dernier hiver ne soit encore plus tiré par les cheveux. Est-ce que certains d’entre vous l’ont lu ?