Conte de fées, de Stephen King

Les contes de fées et moi, on n’a jamais été très copain, il faut bien le dire. Ces histoires de princes qui volent au secours de princesses en détresse, cela m’a toujours semblé un peu niais, même quand j’avais dix ans. En même temps, à onze, je lisais déjà du Stephen King, alors forcément, c’était un peu le grand écart. Alors quand celui qu’on appelle, à tort ou à raison, le maître de l’horreur, publie un roman intitulé Conte de fées, j’ai un peu peur, je l ’avoue, et en même temps, je me dis que c’est du King, le même dont j’ai lu Billy Summers, l’histoire d’un tueur à gages, il y a quelques mois. Cela ne peut pas être niais, pas vrai ?

Charlie a dix-sept ans. Sa mère est morte quand il était petit, à la suite de quoi son père est tombé dans l’alcoolisme. C’est un bon garçon. Enfin, plus ou moins, disons, mais il avait promis de l’être si son père s’en sortait. Un marché qu’il avait passé avec Dieu. Et son père s’en est sorti. Alors quand son voisin se casse une jambe en escaladant une échelle, il voit là l’occasion de rembourser sa dette. Il va accepter de s’occuper de sa chienne en son absence d’abord, puis de lui pendant toute sa convalescence. Seulement le bonhomme cache bien des secrets.

Comme d’habitude, j’ai envie de dire, King prend son temps. Le premier quart du roman est consacré à Charlie, sa vie, son coup de foudre pour Radar, la chienne de M. Bowditch, son affection naissante pour ce vieil homme misanthrope. Longueur ? Pas du tout, j’ai adoré cette partie, je ne me suis pas ennuyée une seconde. Et puis le fantastique naît de presque rien, des bruits dans une cabane de jardin, pour se déployer brusquement et faire basculer cette histoire contemporaine dans le conte et la fantasy, avec pas mal de références à Lovecraft tant qu’on est, tiens !

On retrouve des thèmes chers à l’auteur dans ce roman : l’enfance, le passage à l’âge adulte, l’alcoolisme, la vieillesse et la mort. Mais alors, niais ou pas niais ? Je ne vais pas prétendre ne pas avoir levé les yeux au ciel à l’image des cheveux blonds et des yeux bleus du prince annoncé - le Ken de Barbie, vous voyez le genre, celui sur lequel on a envie de taper - mais c’est une histoire sombre que l’auteur nous offre ici, très sombre, et c’est ce qui la sauve. Une ode à l’imaginaire où le pragmatisme de Charlie est confronté à la magie, blanche et/ou noire, des contes de fées. King joue, il casse les codes, les détourne, et réussit le tour de force d’embarquer les plus sceptiques.

Un roman fort sympathique, essentiellement grâce à la relation qui s’établit entre Charlie et sa chienne, Radar. Malgré un côté assez classique et quelques petites faiblesses de rythme de temps à autre, on ne s’ennuie pas. L’émotion est là, les personnages sont attachants et on se laisse emporter facilement. Pas un coup de cœur, mais un plaisant moment de lecture.

Note : 

Plus d'informations

Conte de fées, de Stephen King
Editions Albin Michel (2023) - 736 pages - Support numérique - Fantastique

Charlie Reade ressemble à un lycéen ordinaire, sportif et bon élève. Mais il porte un lourd fardeau : sa mère a été tuée dans un accident avec délit de fuite quand il avait dix ans, et le chagrin a poussé son père à boire. Charlie a appris à en prendre soin. À dix-sept ans, Charlie fait la connaissance d'un chien, Radar, et de son maître vieillissant, Howard Bowditch, un reclus qui vit dans une grande maison au sommet d'une colline, avec une remise fermée à clé dans le jardin, de laquelle des sons étranges sortent parfois...

Le site de l'autrice : https://stephenking.com/

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