Un pays de fantômes, de Margaret Killjoy

On se retrouve aujourd’hui avec une lecture commune improvisée sur le serveur Discord du Challenge SFFF, celle du roman de Margaret Killjoy, Un pays de fantômes. Une autrice et éditrice transgenre, qui vit en communauté dans les Appalaches, et un roman décrit par son éditeur comme “une utopie qui interroge les normes sociétales et explore d’autres possibles”.

On suit Dimos Horacki, journaliste mal vu par sa rédaction, alors qu’il est envoyé sur le front pour écrire le portrait d’un général de l’armée impériale. Il réalise vite en arrivant sur place que ce que l’on attend de lui n’est rien d’autre que de la propagande pour le désir d’expansion colonialiste de l’empire borolien. Ce dernier s’intéresse désormais aux Cerracs, territoire montagneux composé d’une poignée de villes et de villages, et doit faire face aux anarchistes de Hron. Lorsque les événements se précipitent, Dimos va avoir l’occasion de faire connaissance avec l’ennemi.

À travers les yeux de Dimos, représentant d’un système capitaliste et impérialiste, on découvre une utopie basée sur la solidarité, la relation à l’autre et la liberté pour chacun de faire ses choix et de les assumer. Le récit questionne le mode de vie de Hron comparé à celui de l’empire borolien, et le parti pris est clair et net. C’est le premier reproche que je ferai à ce roman : son petit côté donneur de leçon, la manière dont il tente de faire passer son message en force, sans aucune nuance, et au détriment de la qualité de l’histoire.

L’autrice a, de toute évidence, fait de gros efforts pour inscrire son récit dans un contexte humaniste et pourtant, c’est un peu raté, comme si elle avait oublié qu’elle était là pour nous raconter une histoire. Je n’ai pas réussi à m’attacher à Dimos, à éprouver pour lui la moindre empathie. Je me suis retrouvée à lire un essai, certes intellectuellement intéressant, que l’on cautionne ou pas les principes anarchistes, mais émotionnellement nul. Le message est grossier, beaucoup trop appuyé et on en ressort un peu frustré.

Une lecture mitigée, donc, au cours de laquelle j’ai appris des tas de choses, mais que j’aurai sans doute tôt fait d’oublier, tant Dimos m’a laissée de glace. Je salue cependant l’originalité, le thème de l’anarchie étant plutôt rare, mais il y avait un écueil à éviter et l’autrice a sauté dessus à pieds joints. Elle se retrouve à faire exactement ce que l’empire borolien attendait de Dimos : de la propagande, pro-anarchiste cette fois.

Note : ☆☆

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Un pays de fantômes, de Margaret Killjoy
Editions Argyll (2022) - 208 pages - Support papier - Fantasy

Poussé par une industrie florissante et une politique expansionniste, l’empire borolien se tourne cette fois vers les Cerracs, un territoire montagneux composé d’une poignée de villes et de villages ; une simple formalité. Journaliste en disgrâce, Dimos Horacki signe désormais des papiers ronflants dans une gazette de la capitale. Mais voilà que son employeur l’envoie au front écrire un article élogieux sur un général en vue de l’armée impériale. Sur place, Dimos découvre la réalité de l’expansion coloniale, et surtout, il met un visage sur leurs mystérieux ennemis, les anarchistes de Hron, qui défendent non pas leurs possessions, mais leur mode de vie et leur indépendance. Et tandis que la guerre fait rage autour de lui, que ses pas le portent de ferme en village jusqu’à la cité-refuge de Hronople, le reporteur voit peu à peu ses convictions voler en éclat.

Le compte Twitter de l'autrice : https://twitter.com/magpiekilljoy

2 commentaires

  1. Malgré ton retour mitigée, je suis assez curieuse de lire ce roman, justement car le thème de l'anarchie ne court pas les rues et que ça m'intéresse de voir comment il est traité ici !

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    1. J'espère qu'il te plaira davantage qu'à moi. Il m'a vraiment manqué quelque chose, mais les goûts et les couleurs...

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