La saison des feux, de Céleste Ng


Quand le voile des apparences ne peut être déchiré, il faut parfois y mettre le feu... J’avais beaucoup aimé Tout ce qu’on ne s’est jamais dit, de la même autrice, et je me suis lancée avec grand plaisir dans cette nouvelle étude de mœurs. Car ce roman a beau être placé dans la catégorie thriller, ce n’en est, à mon sens, pas un. C’est simplement l’histoire de deux familles que tout sépare, qui vont se croiser l’espace de quelques mois, et leur rencontre sera loin d’être exempte de conséquences.

Mais commençons par le commencement. Lorsque Mia Warren débarque à Shaker Heights avec sa fille adolescente, Pearl, c’est pour de bon. Elle le lui a promis : les déménagements impromptus et sans fin, c’est terminé. Elles s’installent définitivement cette fois. Mais c’est compter sans tout ce qui constitue l’essence même de cette petite ville encapsulée dans les apparences : les règles, l’ordre, les conventions de ces familles toutes coulées dans le même moule. Or, Mia n’a rien à voir avec tout ça : elle est photographe, bohème, a d’autres aspirations que celles d’avoir un mari, une belle maison avec un chien, des enfants et des amies à inviter à déjeuner.

Elles vont s’installer dans la maison de location des Richardson, l’une de ces familles parfaites où Papa est avocat, Maman journaliste et les enfants populaires et sportifs. Parfaite ? Peut-être pas tant que ça en réalité car la plus jeune, Izzy, n’attend qu’une bonne occasion de dérailler. Malgré tout, les enfants ne tardent pas à faire connaissance et à tisser des liens qui bouleverseront leurs vies à tous.

J’ai mis du temps à rentrer dans l’histoire, que j’ai trouvée très longue à démarrer. Le style est très narratif avec peu de dialogues et le premier tiers de ma lecture a été assez laborieux. Puis j’ai lu tout le reste en une journée et j’ai adoré ! Les thèmes proposés par l’autrice tournent tous autour de la maternité : impérieux désir d’enfant, infertilité, adoption, avortement et surtout relations entre mère et fille. Il y a beaucoup de secrets dans cette histoire, si bien que le lecteur assiste, impuissant, à l’enchaînement des événements qui vont conduire Izzy à mettre le feu à sa maison - je ne spoile pas, le livre s’ouvre là-dessus.

Le point fort de ce roman réside incontestablement dans la construction de ses personnages. Il n’y a pas de manichéisme ici, personne n’est ni tout blanc ni tout noir, mais tout en nuances au contraire. On s’attache à chaque personnage, pour des raisons diverses et variées. Tous sont complexes, bien construits et semblent sincères dans leur démarche, cohérents. Un roman fort sur deux cellules familiales qui se télescopent, pour le meilleur comme pour le pire.

Première lecture du #PumpkinAutumnChallenge 2019.

Note : ★★★★☆

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La saison des feux, de Céleste Ng
Editions Sonatine (2018) - 384 pages - Support numérique - Littérature contemporaine

À Shaker Heights, banlieue riche et tranquille de Cleveland, tout est soigneusement planifié pour le bonheur des résidents. Rien ne dépasse, rien ne déborde, à l’image de l’existence parfaitement réglée d’Elena Richardson, femme au foyer exemplaire. Lorsque Mia Warren, une mère célibataire et bohème, vient s’installer dans cette bulle idyllique avec sa fille Pearl, les relations avec la famille Richardson sont d’abord chaleureuses. Mais peu à peu, leur présence commence à mettre en péril l’entente qui règne entre les voisins. Et la tension monte dangereusement à Shaker Heights.

Le site de l'auteur : https://www.celesteng.com/

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