Thya, d'Estelle Faye


Attirée par cette splendide couverture d’Aurélien Police, j’ai découvert ce roman un petit peu par hasard. L’auteur nous y transporte au temps de l’Empire Romain, à une époque où la religion chrétienne s’impose avec violence face aux anciennes croyances. Ceux que l’on considère comme des païens sont traqués sans relâche et mis à mort et c’est dans ce contexte difficile qu’on fait connaissance avec Thya, fille d’un général romain, oracle de son état. Mise à l’écart par son père pour sa sécurité, la jeune fille vit cachée en Aquitania, jusqu’au jour où son propre frère tente d’assassiner leur père. Thya va alors devoir sortir de sa retraite.

Estelle Faye nous propose donc ici une quête initiatique assez classique en fantasy, un parcours semé d’embûches et de rencontres. Sa particularité réside sans doute dans le choix du contexte historique. Le fait d’avoir situé son intrigue au Vième siècle est intéressant et original. L’auteur confronte ainsi une Rome décadente sous l’emprise d’une religion toute puissante à la magie et aux mystères des anciens Dieux. C’est l’occasion pour elle d’intégrer à son intrigue de fabuleuses créatures comme les faunes, les ondines ou encore les sylvains. La Gaule elle-même s’avère fascinante, avec ses villages, ses campagnes, ses forêts…

Il s’agit pourtant d’un roman jeunesse, et c’est là où le bât blesse. La trame de l’histoire est assez simpliste et les événements s’enchaînent de manière trop prévisible. Certaines révélations n’en sont finalement pas, certains retournements de situation sont trop faciles et rapides. Au final, ce positionnement trop jeunesse peine à convaincre l’adulte que je suis. Les personnages sont, c’est vrai, attachants mais aussi caricaturaux et leurs réactions trop attendues. Enoch le maquilleur, qui se transforme au cours du récit, est une vraie bouffée d’air frais. Et encore, j’aurais aimé que l’auteur pousse les choses encore plus loin.

Un premier tome de mise en place, dans lequel les pions se répartissent lentement sur l'échiquier et dévoilent leurs intentions. Un voyage littéraire plaisant au sein d’une Gaule en pleine mutation, entre complots politiques, décors champêtres et créatures fantastiques, mais des événements malheureusement traités de manière trop superficielle. Un dénouement qui laisse beaucoup de choses en suspens, comme pour nous inciter à lire la suite en espérant que cette plume fluide et entraînante gagne en maturité.

Note : ★★★☆☆

Plus d'informations

La voie des oracles, tome 1 : Thya, d'Estelle Faye
Editions Scrinéo (2014) - 337 pages - Support papier - Fantasy

La Gaule, au début du cinquième siècle après Jésus-Christ. Cerné par les barbares, miné par les intrigues internes et les jeux malsains du pouvoir, l'Empire romain, devenu chrétien depuis peu, décline lentement. Dans une villa d'Aquitania, perdue au milieu des forêts, vit Thya, seize ans, fille du général romain Gnaeus Sertor. À cinq ans, elle a manifesté pour la première fois des dons de devin. Mais dans l'Empire chrétien, il ne fait plus bon être oracle, et à cause de ce secret qu'elle doit garder, Thya est devenue une adolescente solitaire, à l'avenir incertain. Lors d'une de ses visites en Aquitania, Gnaeus tombe sous les coups d’assassins à la solde de son fils Aedon qui souhaite s'emparer de son siège au sénat. Il est ramené à la villa entre la vie et la mort et Thya cherche dans ses visions un moyen de le sauver. Son don lui permet d’apercevoir la forteresse de Brog, dans les montagnes du nord, là où, autrefois, Gnaeus a obtenu sa plus grande victoire contre les Vandales. Elle comprend alors qu'elle doit s’y rendre et s’enfuit dans la nuit. Sa route sera pavée de rencontres, Enoch, un jeune et séduisant barbare, ou encore un faune, un être surnaturel issu du monde païen, et Thya va évoluer et découvrir un monde en mutation qui n'est pas exactement celui que lui décrivait son père…

Site de l'auteur : http://www.estellefaye.fr/butitsmyonlyline/

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