Meute, de Karine Rennberg


On se retrouve aujourd’hui avec un roman qui fait le buzz en ce moment : Meute, de Karine Rennberg. Un roman d’urban fantasy que je n’aurais probablement pas acheté sans les conseils avisés de certaines autrices de ma connaissance, et que je me suis finalement procuré au salon Gresimaginaire. Grand bien m’en a pris car c’était une très jolie découverte.

On suit Nathanaël, un loup-garou solitaire qui peine à s’intégrer dans la meute de Marc, celui qui se propose d’être son alpha parce qu’il l’a aidé lors de ses premières transformations. Très proche de Val, son coéquipier, lequel n’est pas un loup-garou mais appartient à un gang, Nath aime autant la bagarre que sa tranquillité. Lorsque Marc lui demande de veiller sur un petit nouveau l’espace de quelques jours, sa vie va en être complètement bouleversée.

On est dans un genre de post-apo où les gangs ont pris le contrôle d’une ville qui n’est pas nommée, et où les ressources comme l’électricité, l’essence et les produits frais sont difficiles à trouver. L’univers est à peine esquissé mais ce n’est pas vraiment dérangeant. Ce qui importe ici, ce sont les relations entre les personnages et leur évolution. De ce point de vue-là, le roman est très réussi. Il y a bien une enquête sur des enlèvements de loups-garous mais elle passe un peu au second plan de l’intrigue. En fait, tout l’enjeu tourne autour du jeune Calame, complètement coupé du monde par son traumatisme et qu’il s’agit de ramener au sein de la meute.

Deux particularités à signaler dans le style de l’autrice, quand même. Pour commencer, le récit est à la deuxième personne du singulier. Autant vous dire que c’est très déstabilisant et qu’il m’a fallu près d’une centaine de pages pour m’y faire, d’autant plus qu’il y a trois personnages principaux. J’avais parfois bien du mal à savoir qui était ce “tu” dont on me parlait. On finit par s'habituer, mais je ne suis définitivement pas fan. Cela complique la lecture sans apporter grand-chose au final.

La seconde singularité, c’est que Calame voit et pense le monde en couleurs, il entend même ce qu’il appelle le chant des couleurs. Il distingue des espèces d’auras colorées autour des gens et des choses, et interprète les sentiments à coups d’orange désert, orange acide ou encore de bleu protection et vert vigilance. Encore une fois, c’est assez spécial, mais j’ai plutôt bien aimé cet aspect, qui illustre très bien les ressentis du loupiot.

Finalement, le roman fait mouche parce que les relations entre les personnages fonctionnent très bien. Ils sont vraiment touchants et on s’attache à eux presque sans s’en apercevoir. Seul bémol, qui ne relève pas de l’autrice mais de son éditeur, le nombre de coquilles qui restent dans le texte ! J’en ai rarement vu autant et c’est le genre de choses qui me rend dingue. Ce n’est vraiment pas sérieux et l’histoire de Karine Rennberg méritait mieux que cela.

Note : 

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Meute, de Karine Rennberg
Editions ActuSF (2022) - 568 pages - Support papier - Fantasy

Roman atypique lycantrope, Meute suit Nathanaël, Val et Calame. Si le premier est un loup-garou né de la violence et la solitude, le second est un humain à qui l'on a volé la voix alors que le troisième est un loupiot traumatisé, incapable d'accéder à la moindre autonomie. Ce récit fantastique est avant tout celui d'une tranche de vie, de ce moment où tout bascule entre le noir et la lumière. Karine Rennberg est une autrice nantaise. Elle taille ses personnages dans la pierre en nuance de gris, de ceux à porter du sang en parure pour vous emmener dans les recoins sombres de l'imaginaire lupin.

Le site de l'autrice : http://www.karine-rennberg.com/

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