Attention, OLNI en vue ! OLNI comme Objet Littéraire Non Identifié ! Rien de péjoratif là-dedans, notez bien, c’est juste que je n’avais jamais lu de roman qui ressemble à celui-là. Très sincèrement, je ne m’y serais sans doute pas risquée si je ne connaissais pas l’autrice, mais je trouve ça bien que mes relations m’ouvrent à de nouvelles choses, de nouvelles expériences littéraires. Sortir de sa zone de confort, ce n’est pas toujours un bien, mais pas toujours un mal non plus !
Evana, c’est un peu la sœur de Pinocchio, les mensonges et le long nez en moins ! Une jolie marionnette retenue par des fils, à laquelle son créateur insuffle un jour la vie. Sauf que Professeur, ledit créateur, n’a rien à voir avec Geppetto. Autant le second est naïf et bienveillant, autant le premier est égoïste et retors. Alors Evana, bien qu’elle ait soif d’apprendre et de satisfaire son maître, s’évade dans un monde intérieur plein de douceur et de couleurs. Jusqu’à trouver un jour la force de briser ses chaînes… Reste à savoir si ce sera pour le meilleur ou pour le pire !
Autant vous prévenir tout de suite, c’est un récit très particulier, ce qui ne signifie pas mauvais, que les choses soient claires. Particulier par son style, très poétique, avec des tas de références aux émotions et aux couleurs dont elles se parent. Evana porte un regard très ingénu sur un monde qu’elle ne connaît pas, et les couleurs semblent l’aider à appréhender ce qui s’y trouve, ce que cela lui inspire. Justine C.M. joue habilement des mots, ce qui ne rend pas toujours la lecture aisée, c'est un fait, mais donne un côté onirique pas déplaisant à son récit. Et que d'émotions partagées !
Particulier aussi par ses thématiques. Il est question de manipulation mentale, de relations toxiques et de violences psychologiques, autant être prévenu dès le départ. Evana est comme l’enfant qui vient de naître, innocente et naïve, et en plus elle n’a pas de chance : elle tombe souvent sur des personnes qui se moquent d’elle et ne cherchent qu’à l’utiliser, la dominer, la mettre sous emprise. Je me suis plusieurs fois surprise à me demander : “Mais pourquoi sont-ils aussi méchants ?”, mais je pense qu’il ne faut pas trop rationaliser ni chercher de crédibilité à ce récit, sinon cela ne fonctionnera pas car ce n’est pas le propos. On est juste face à une jeune femme naïve confrontée à la réalité d’un monde très dur, et qui va devoir apprendre à s’en préserver... ou s'y perdre.
Récit initiatique, Evana ne laissera, je pense, pas indifférent. On aimera ou on détestera. Une autrice qui porte haut l’étendard de la tolérance - il suffit de toute façon de la suivre sur les réseaux sociaux pour s’en convaincre - et un roman qui pousse à la réflexion, même s’il n’est pas très facile d’accès de par le style adopté par l’autrice. Une curiosité pleine d'émotions que je vous engage vivement à découvrir. On en reparle ?
P.S. à Justine : J'ai adoré le final ! 😉
Le Labyrinthe de Théia (2023) - 341 pages - Support papier - Fantastique & Horreur
Aussi fragile que le papier, dotée d'une conscience blanche, Evana naît entre les mains de son créateur, Professeur. Elle grandit, sous ses enseignements, et développe son identité. Deviendra-t-elle la princesse en détresse que Professeur tente de façonner ? Ou s'éloignera-t-elle, envers et contre tout, d'un chemin qu'on espère tracé pour elle ? Toute sa vie, Evana, guidée par les fils qui la maintiennent debout et les couleurs qui l'animent, devra apprendre. Apprendre à se battre, à trouver sa place dans un monde qui ne lui souhaite pas forcément du bien et dont les ombres attrayantes murmurent des mensonges.
Le site des auteurs : https://justine-cm.fr/
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