Les neiges de l'exil, de Lian Hearn


C’est avec plaisir que j’ai retrouvé Lian Hearn pour la suite de sa saga, Le clan des Otori. J’avais passé un excellent moment avec le tome 1, Le silence du rossignol, mais j’ai commis l’erreur d’attendre plusieurs années avant de lire la suite et j’avoue qu’il m’a fallu un peu de temps pour rentrer dans Les neiges de l’exil. Passé ce premier cap, j’ai retrouvé mes marques et je me suis replongée avec délice dans le récit des aventures de Takeo et Kaede.

Nous les suivons tour à tour, elle à la troisième personne, lui à la première. Le guerrier a abandonné son aimée pour rejoindre la Tribu, comme il s’était engagé à le faire - ah, l’honneur ! - mais déchiré entre ses multiples origines, il va se rendre compte qu’il lui est impossible de mener cette vie d’obéissance et de complots. Quant à elle, elle n’a d’autre choix que de rejoindre son père au domaine familial, bien qu’elle répugne à se comporter en fille et en femme soumise.

Le rythme est bien plus lent que dans le premier tome, c’est un volume de transition, dirons-nous, où nos deux héros cherchent leur place dans cette société de traditions. Tous deux sont déchirés, l’un par ses origines complexes, l’autre par la béance entre son éducation et ses désirs secrets. Ainsi, le début du roman est essentiellement consacré à leurs tergiversations, leurs questionnements, leur évolution, et j’avoue que par moments, je me suis un peu ennuyée. La poésie du style ne fait pas tout !

Finalement, je me suis laissée prendre au jeu, notamment en ce qui concerne Kaede. C’est une jeune femme qui refuse la place qui lui est dévolue par les traditions machistes de son peuple. Elle veut être éduquée comme un garçon, tenir sa place à la tête de son domaine et gagner en puissance. Intelligente, elle négocie le peu qu’elle a à négocier tout en conservant son honneur. Ses interrogations ont trouvé plus d’échos en moi que celles de Takeo qui met du temps à savoir ce qu’il veut.

C’est vraiment la partie qui m’a intéressée, ce conflit entre les générations, entre des hommes puissants désireux de garder des traditions qui sont à leur avantage et des jeunes gens ambitieux épris de liberté. L’écriture de Lian Hearn est lente et poétique, à l’image du pays et de la culture qu’elle décrit si bien, ses descriptions très visuelles. S’il m’a fallu un peu de temps pour ça, j’ai néanmoins apprécié ce voyage au pays du soleil levant et j’essaierai de mettre moins de temps à lire la suite, intitulée La clarté de la lune.

Note : ★★★☆

Plus d'informations

Le Clan des Otori, tome 2 : Les neiges de l'exil, de Lian Hearn
Editions Gallimard (2017) - 379 pages - Support papier - Fantasy

Dans le Japon féodal du XIVe siècle, la guerre des clans fait rage. Sur les montagnes, les premières neiges viennent de tomber et Takeo, seul héritier de la puissante famille des Otori (après la mort de son maître Shigeru), a promis de rejoindre la Tribu, renonçant à la fortune et au pouvoir. Guerrier courageux, prêt à affronter les pires dangers et à assumer les plus lourds sacrifices, Takeo n’en est pas moins homme. Le souvenir encore brûlant de la mystérieuse Kaede – celle qu’il aimerait tant épouser – hante encore son cœur et son esprit. Mais la belle doit elle aussi suivre son destin et sa vie ressemble à un long combat sans répit pour retrouver sa liberté et cesser d’être un objet de convoitise dans un cruel monde d’hommes. Les deux histoires entrecroisées de Takeo et Kaede plongent le jeune lecteur dans une intrigue menée de main de maître où poésie et violence s’affrontent avec une rare beauté.

Le site de l'autrice : http://www.lianhearn.com/

2 commentaires

  1. Je crois que je me suis tellement laissée prendre à la poésie et aux réflexions du livre que je ne me suis pas ennuyée du tout. C'est vraiment un excellent souvenir de lecture pour moi.

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    1. Au final, j'en garde un bon ressenti, c'est juste le début qui m'a semblé un peu long à démarrer. Et puis comme je le disais, c'est peut-être aussi parce que j'ai laissé trop de temps s'écouler depuis ma lecture du tome 1. :)

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