L'institut, de Stephen King


Stephen King a toujours été particulièrement inspiré quand il s’agit de parler d’enfants en butte à des phénomènes qui les dépassent. Pourtant, cela faisait longtemps qu’il n’avait pas abordé ces rivages et c’est donc avec une grande impatience que j’attendais la sortie de L’institut, dont le quatrième de couverture laissait présager comme un retour aux sources. Certaines rumeurs évoquaient également des liens avec La tour sombre. Autant dire que je ne pouvais pas passer à côté.

Dans la première partie cependant, il n’est question d’aucun enfant. On découvre Tim Jamieson, ex-flic de Sarasota. C’est un homme en quête de rédemption qui, lors d’un périple en direction de New York où il espère obtenir un job dans une société de sécurité, fait une escale plus ou moins prolongée dans la petite ville de DuPray où il se fait embaucher en tant que veilleur de nuit. C’est un homme bon qui ne cherche pas les histoires et s’attire rapidement la sympathie de ses collègues.

Nouvelle partie, nouveau personnage. King nous transporte ensuite du côté de Minneapolis où l’on fait connaissance avec le jeune Luke Ellis, un pré-adolescent aux capacités intellectuelles extraordinaires et doté d’un vague talent de télékinésie, qui vient d’être accepté dans deux prestigieuses universités. Mais voilà, au cours d’une nuit, Luke est arraché à ses parents et à son domicile, et emmené à L’institut, un complexe isolé au cœur de l’état du Maine. Il y retrouve d’autres enfants, aux capacités psychiques peu ou prou identiques aux siennes.

Comme souvent, King prend son temps. Cela décourage parfois certains lecteurs mais je suis, quant à moi, intimement convaincue que c’est aussi ce qui fait toute la richesse et l’impact de ses livres : un univers bien construit, des héros fouillés et des sujets d’actualité. Il a expliqué lors d’une interview que, quand il a commencé ce livre, il voulait juste écrire une histoire sur “des enfants sans défense qui sont enfermés et qui doivent s’unir pour combattre ces cruels adultes qui procèdent à des expériences sur eux”. Il pensait aux expérimentations de la CIA du début des années 50 ainsi qu’aux expériences nazies de la Seconde Guerre Mondiale.

“J’essaye de séparer mes opinions politiques de mes histoires mais la frontière est mince, comme une membrane poreuse que les idées traversent [...] Parfois la vie suit son cours et imite l’art.” La fiction lui a échappé et est devenue réalité lorsque Donald Trump s’est mis à enfermer des enfants dans des cages dans les camps de migrants aux frontières américaines. Malgré tout, on a souvent reproché à King le manichéisme de ses histoires, spécialement lorsqu’elles concernent des enfants. Mais que dire de la fin de L’institut ?

M'est avis qu'elle est d’autant plus dérangeante qu’en ce début d’année 2020, on a parfois le sentiment qu’il ne faudrait pas grand chose pour que l’équilibre du monde bascule sur son axe et que la Tour s’effondre...

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Note : ★★

Plus d'informations

L'institut, de Stephen King
Editions Albin Michel (2020) - 601 pages - Support numérique - Fantastique & Horreur

Au coeur de la nuit, à Minneapolis, des intrus pénètrent la maison de Luke Ellis, jeune surdoué de 12 ans, tuent ses parents et le kidnappent. Luke se réveille à l'Institut, dans une chambre presque semblable à la sienne, sauf qu'elle n'a pas de fenêtre. Dans le couloir, d'autres portes cachent d'autres enfants, dotés comme lui de pouvoirs psychiques. Que font-ils là ? Qu'attend-on d'eux ? Et pourquoi aucun de ces enfants ne cherche-t-il à s'enfuir ?

Le site de l'auteur : https://stephenking.com/

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