Je suis une légende, de Richard Matheson


On se retrouve aujourd’hui avec une chronique d’un classique de la science-fiction : Je suis une légende, de Richard Matheson. Impossible de passer à côté quand on aime l’imaginaire, je n’avais que trop tardé. Matheson est souvent présenté comme un précurseur du genre apocalyptique et ses écrits trouvent plus que jamais un écho dans notre actualité de terrorisme et de dérèglement climatique. Je suis une légende est un récit court mais efficace et original, pour l’époque bien sûr.

C’est l’histoire de Richard Neville, un américain très ordinaire, qui vit seul dans une maison qu’il a transformée en véritable forteresse. Et pour cause, chaque nuit, une horde de vampires l’assaille ! Malgré quelques flashbacks, on ne sait pas très bien comment c’est arrivé, mais notre ami Neville s’est retrouvé être le dernier homme sur Terre et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il ne le vit pas très bien. Amateurs d’action et de sensations fortes, passez votre chemin, vous ne trouverez pas de ça ici, encore que. Ce qui intéresse Matheson, c’est son héros et l’expérience humaine qu’il vit. Un véritable cauchemar !

Pour être honnête, j’ai dans un premier temps été terriblement déçue quand j’ai découvert qu’il avait à faire à des vampires. J’imaginais déjà les créatures sulfureuses d’Anne Rice ou pire encore, celles de Stephenie Meyer ! A mon plus grand soulagement, on est plus proche des zombies de The Walking Dead que des buveurs de sang de la famille Cullen. Neville s’acharne à trouver une explication scientifique à l’existence de ces vampires, et même si tout cela ne tient pas très bien la route, on s’en fiche. Parce que ce qui est intéressant, c’est le parcours de cet homme.

Matheson réussit à nous accrocher avec un unique personnage, en but à la peur et à la solitude. Ses sentiments sonnent toujours très juste, même si la manière dont l’alcool semble être sa seule ressource m’a parfois terriblement agacée. Peur, angoisse, détresse, colère, haine, folie… Neville passe par tous les stades avant d’arriver à l’acceptation, parce que l’instinct de survie est toujours très fort chez lui. Le lecteur l’observe, suit son évolution comme s’il observait un insecte et le regarde arriver à l’inéluctable conclusion que, seul parmi les monstres, il a fini par en devenir un lui-même. Jusqu’au dernier chapitre, on se demande bien comment tout cela va se terminer.

Le style est simple et fluide, mais également très vivant ce qui explique sans doute que ce récit ait été adapté par moins de trois fois au cinéma. Une lecture divertissante qui nous amène à réfléchir sur nos réactions lors de l’effondrement d’une civilisation, quand on est face à soi-même et qu’il faut bien transiger pour trouver le moyen de se supporter. A lire.

Note : ★★★★☆

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Je suis une légende, de Richard Matheson
Editions Folio (2004) - 228 pages - Support papier - Science-fiction

Chaque jour, il doit organiser son existence solitaire dans une cité à l'abandon, vidée de ses habitants par une étrange épidémie. Un virus incurable qui contraint les hommes à se nourrir de sang et les oblige à fuir les rayons du soleil... Chaque nuit, les vampires le traquent jusqu'aux portes de sa demeure, frêle refuge contre une horde aux visages familiers de ses anciens voisins ou de sa propre femme. Chaque nuit est un cauchemar pour le dernier homme, l'ultime survivant d'une espèce désormais légendaire.

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