Dé-Mon, de Negan Stram

Ça partait d’une bonne idée, mais j’ai l’impression que l’autrice s’est perdue en chemin dans ses propres ambitions. Sur le papier, le concept de Dé-Mon, de Negan Stram, avait de quoi intriguer : quatre amis d’enfance découvrent un jeu mystérieux, dont les conséquences dépassent la simple partie de dés. L’idée d’un jeu maudit n’est certes pas nouvelle, mais elle garde, pour moi en tout cas, un potentiel intéressant. Malheureusement, le roman peine à exploiter cette promesse.

Negan Stram imagine un rituel simple, bien que hautement improbable d’un point de vue statistique : lorsqu’on obtient huit fois de suite le chiffre trois, un démon surgit. À partir de là, il oblige les joueurs à lancer un dé chaque jour, chaque chiffre ayant une correspondance maléfique : une action malveillante à réaliser, un meurtre à commettre, la perte d’une capacité, voire la mort. De quoi inciter à réfléchir sur la culpabilité, la tentation ou simplement la part sombre qui réside en chacun de nous.

Dans les faits, hélas, l’ensemble manque cruellement de crédibilité et d’intensité dramatique. Le démon est vraiment peu crédible, la mayonnaise ne prend pas. Les intentions sont bonnes, mais le propos est trop artificiel. L’autrice accumule clichés et facilités pour faire passer ses messages bien-pensants, et il y en a toute une tripotée. J’aurais préféré une approche plus subtile, qui laisse au lecteur la liberté de réfléchir sans qu’on lui dicte le sens à tirer de tout ceci.

Les personnages, caricaturaux au possible, ne parviennent pas non plus à sauver la mise : il y a celui qui manque d’assurance et risque donc fort d’être le premier sacrifié ; l’égoïste narcissique méchant trop méchant ; le père de famille qui dissimule des pulsions sexuelles violentes ; sa femme avide de venger la mort de sa sœur ; et le papa veuf et psychiatre, qui finira bien évidemment par retrouver l’amour tout en sauvant la terre entière. Oui, parce que pour faire du démon un gentil ne supportant plus le vice - ni l’humanité qui détruit la planète, autre message glissé au passage avec beaucoup de subtilité -, il fallait bien tous ces vilains. Hum…

Du côté de l’écriture, on sent que l’autrice a cherché à lui donner un aspect travaillé. Le problème, c’est que cela manque terriblement de naturel. Je ne doute pas de la sincérité de Negan Stram, mais les métaphores et les tournures alambiquées finissent par desservir le propos, tant cela paraît forcé. Me voilà donc bien déçue : je reste avec l’impression d’un point de départ intéressant, mais mal maîtrisé. Les clichés, les facilités et le style maladroit empêchent toute immersion. J’en suis la première désolée, mais je suis passée complètement à côté !

Note : ☆☆☆

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Dé-Mon, de Negan Stram
Le Héron d'Argent (2025) - 189 pages - Support papier - Fantastique & Horreur

Un soir, quatre amis d'enfance se retrouvent autour d'un apéro. Quand l'un d'entre eux suggère l'idée de jouer au Dé-Mon, ils sont loin de se douter de ce qu'ils vont déclencher... La règle de ce jeu est simple : après avoir fait huit fois d'affilée le chiffre trois, le Démon se manifeste. Une fois l'entité invoquée, celle-ci impose aux joueurs de lancer un dé tous les jours. Pour chaque chiffre, une action machiavélique à effectuer, sous peine de mort. Survivront-ils à ce jeu maudit ?

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