Le syndrome [E], de Franck Thilliez

Après deux échecs assez cuisants en littérature audio, il me fallait une valeur sûre. C’est pourquoi j’ai choisi la voix de Jérémie Covillault, une voix que j’adore, surtout dans le rôle du commissaire Sharko, de Franck Thilliez. Après la série télévisée, somme toute assez éloignée, j’ai l’impression, j’ai découvert le roman Le syndrome [E] et la première rencontre entre Franck Sharko et Lucie Hennebelle.

Ça commençait bien. Je me suis très vite immergée dans cette nouvelle enquête, même si j’ai eu du mal à avaler qu’on puisse devenir aveugle rien qu’en regardant un court-métrage, je l’avoue. Mais bon, soit, admettons. Je me suis laissée porter par les découvertes des enquêteurs, j’ai retrouvé avec un immense plaisir le commissaire schizophrène et la jeune inspectrice qui gère comme elle peut, c’est-à-dire mal, vie professionnelle et vie de famille. Ces deux-là étaient faits pour se rencontrer et se plaire, et c’est ma foi ce qu’il s’est passé. Jusque-là, tout va bien.

L’un et l’autre vont se jeter corps et âme dans cette enquête, où il est question de manipulation mentale et de cinéma. J’ai apprécié les phases de recherches, les découvertes qui surviennent, petit à petit. Mais à partir du moment où les explications commencent à tomber, j’ai trouvé que cela devenait à la fois un peu confus et difficilement crédible. Je n’ai pas très bien compris ce que la légion venait faire là-dedans, à part en rajouter une couche qui m’a semblé très artificielle. En fait, l’auteur se lance dans une série de romans à propos de l’expansion de la violence dans notre société, et il fait en sorte que tout ramène le lecteur à cela. Hélas, c’est fait à la truelle, sans grande subtilité et toutes les ficelles sont trop visibles pour qu’on y croit vraiment.

Ne parlons pas de l’épilogue… Ou plutôt si, parlons-en, tiens ! Comment une enquêtrice, censée avoir été confrontée à la part la plus sombre de l’humanité, peut-elle laisser ses filles partir seules s’acheter une glace sans surveillance, pendant qu’elle folâtre avec son nouveau petit ami ? Bon, il est vrai que l’instinct maternel de Lucie laisse clairement à désirer, mais quand même !

Finalement, malgré la voix grave de Jérémie Covillault, le dernier tiers du roman m’a vraiment déçue. L’intrigue tourne à la théorie du complot assez convenue et tirée par les cheveux, et le couple star de l’auteur ne suffit pas à faire de Le syndrome [E] un roman inoubliable. J’ai lu quelque part que le livre se termine comme un épisode de Scooby-Doo, avec une longue explication du pourquoi et du comment de l'affaire. C’est exactement cela ! Et quand on en arrive là, c’est quand même qu’il y a un problème…