Anna, de Kendare Blake

L'atmosphère de certaines petites villes canadiennes est propice aux histoires de fantômes. C'est le cas de Thunder Bay, ou en tous cas de la Thunder Bay que nous propose Kendare Blake dans sa saga Fille des cauchemars dont j'ai achevé hier le premier tome, qui est paru ce mois-ci aux éditions Le Livre de Poche. Un roman qui retrace l'histoire de Cas Lowood, chasseur de fantômes de son état, lycéen à ses heures perdues, bien décidé à débarrasser une bonne fois pour toutes notre monde de l'indésirable et très sanguinaire présence de la belle Anna à la robe de sang.

J'étais complètement passée à côté de la sortie de ce livre en grand format il y a deux ans, mais le quatrième de couverture m'a fortement intriguée lors de sa sortie en poche. Chose assez rare en Young Adult, le narrateur est un garçon qui sillonne le continent nord-américain à la recherche de fantômes à délivrer. Thésée Cassio, puisque c'est son véritable nom, est un jeune homme plein de charisme, et l'auto-dérision dont il fait couramment preuve n'y est pas pour rien. Bien que fort conscient des enjeux et des dangers de son travail, il n'en mène pas moins sa vie de lycéen voyageur avec un flegme plein d'humour. Face à lui, il y a Anna, prisonnière de la maison dans laquelle elle a été assassinée bien des années plus tôt, et qui martyrise bien malgré elle les vivants qui osent en franchir la porte.

Ce duo inattendu, et l'atmosphère un peu glauque de cette maison hantée, font de ce premier tome un thriller pour jeunes adultes plutôt bien mené. Le thème des fantômes ne brille pas par son originalité, il faut bien le dire, mais Kendare Blake a su créer une mythologie intéressante, et en la personne d'Anna, un personnage particulièrement attachant. Bien qu'assez caricaturaux de prime abord, ses protagonistes s'avèrent plus complexes et aboutis qu'il n'y paraît. L'intrigue est rythmée, et l'auteur sait faire monter le suspens tout autant que susciter l'horreur ou la peur chez le lecteur. Après bien sûr, l'histoire d'amour naissante entre Cas et Anna était cousue de fil blanc, mais elle n'occupe pas le devant de la scène et j'ai envie de dire que c'est tant mieux.

Un authentique manoir hanté au petit air d'hôtel Overlook, un fantôme sanguinaire prisonnier d'une sombre malédiction dont les racines naissent dans une histoire glauque et compliquée, deux héros attachants que tout oppose mais qui vont néanmoins se rejoindre, une histoire d'amour et d'amitié... Tous les éléments sont réunis pour faire d'Anna un roman qui ravira les ados en quête de sueurs froides et de parquets qui grincent ! A nouveau merci à la maison d'éditions pour cette découverte sympathique.