Un soupçon de soufre dans une mer d'huile (d'olive)

Le masque & la poudre… S’il me fallait déterminer l’instant précis auquel est née mon envie de lire ce livre, ce serait sans aucun doute celui de la découverte du titre de la saga, titre qui dégage tout à la fois un parfum d’aventure, de mystère et de soufre. Et avec ce premier tome, Hubert Vittoz nous offre un roman atypique, c’est le moins que l’on puisse dire !

Premier volume d’une quadrilogie éditée aux éditions Walrus, que je remercie grandement au passage pour cette curieuse découverte, cet ouvrage nous conte l’histoire de Balthazar, héros sur le retour, mobilisé contre son gré pour faire face à de mystérieux troubles entre la cité de la Soufrière et celle des Masques. Le parti pris de suivre, comme personnage principal, un anti-héros tout sauf héroïque pourrait paraître risqué, pourtant le lecteur finit par s’attacher à Balthazar. Véritable loque au début du roman, au fond du trou, il fait les choses par obligation, puis par curiosité, par envie de progresser, de se retrouver lui-même, enfin. Son état d’esprit évolue tout au long du récit.

Si je n’ai pas tellement accroché à la cité de la Soufrière, carrée, industrialisée, j’ai été en revanche littéralement fascinée par celle des Masques, ville de saltimbanques, d’illusions, de chausse-trappes et de faux-semblants ; ville de lumière, de couleurs et de jeux ; de dangers aussi, car les Masqués sont loin d’être des enfants de cœur, et l’intrigue qui les oppose à la Soufrière est bien trouble. La plume de l’auteur se met d’ailleurs au diapason. Son texte est, par moments, un peu difficile à lire à force de jeux de mots, mais son style colle à la perfection à ce que vivent ses protagonistes. A tel point que ça en devient juste fascinant.

Et puis l’ambiance « fin d’une époque » un peu nostalgique qui pèse sur cette histoire m’a beaucoup fait penser à celle de La Tour Sombre, de Stephen King, avec notamment la disparition des Pistoleros et la notion de monde qui change. Seul bémol à mes yeux, le fait de nous proposer trois versions différentes de certains événements. Je n’ai pas bien compris l’intérêt, si ce n’est de nous permettre de découvrir plus avant deux des personnages secondaires dans des réalités alternatives. J’ai trouvé que cela cassait le rythme, et comme j’avais pris pour acquise la véracité de la première version, ce sont les parties qui m’ont le moins intéressée, à vrai dire.

Malgré tout, ce road-trip est une vraie curiosité qui mérite d’être découverte par le plus grand nombre, ne serait-ce que pour l’imaginaire foisonnant d’Hubert Vittoz et l’habileté de sa plume.