La compassion du diable, de Fabio M. Mitchelli


Envie de noirceur en ce début d'été ? Inspiré du parcours sanglant du serial killer américain Jeffrey Dahmer, La compassion du diable, qui vient de paraître en poche aux éditions Milady, est un thriller très noir et très brutal, une ode à la violence humaine qui a séduit un large public. Malheureusement, je suis complètement passée à côté ! Cela s'annonçait pourtant bien, l'auteur expliquant en avant propos que son histoire s'inspire en grande partie de faits réels ; et quand on lit certaines scènes avec en tête que la fiction s'appuie sur la réalité, il y a de quoi avoir des sueurs froides, c'est clair. Il fait d'ailleurs bien de prévenir que certaines narrations peuvent parfois heurter la sensibilité des plus jeunes parce qu'il n'y va pas par quatre chemins !

Malgré tout, je n'ai pas réussi à me laisser emporter, et ce pour plusieurs raisons. La première est liée aux personnages principaux. L'histoire prend place à deux époques différentes : en 1963 avec Blake, surnommé par les médias le cannibale de Cleveland, dont on suit les premiers pas, et en 1981 avec la découverte de cadavres de jeunes hommes et la prise en charge du dossier par deux flics aux passés pour le moins tourmentés. Le personnage de Blake est tout à fait crédible, il s'inspire de deux tueurs en série particulièrement diaboliques, il a le Mal à l'état pur en lui, il fait réellement froid dans le dos. En revanche, les deux flics, c'est une autre histoire, particulièrement le personnage de Victoria. Bien que jeune recrue dans la police, elle fait preuve d'une assurance totalement hors de propos, malmène les témoins, fonce tête baissée sans s'occuper des instructions de sa hiérarchie, et pour couronner le tout, s'exprime comme un charretier ! Bref, elle m'a sérieusement tapé sur les nerfs. Quant à son coéquipier, Freddy, il est l'archétype du flic taciturne et tourmenté. Deux héros que je n'avais guère envie de suivre, en réalité...

Cela étant, la construction narrative du récit, qui alterne les chapitres concernant le passé de Blake, et ceux traitant de la progression des enquêteurs au présent, est plutôt habile dans le sens où elle insuffle un rythme effréné à l'histoire. La compassion du diable est un véritable page-turner, on ne peut pas le lui enlever. L'écriture est efficace, l'auteur ne s'encombre pas de fioritures. Entre cannibalisme et nécrophilie, il se complet dans des scènes de barbarie dont on est quand même en droit de se demander si elles sont réellement nécessaires. Et puis la dernière ligne droite m'a laissé un goût amer. Certains passages sont extrêmement confus – je pense notamment à la rencontre à la ferme et à cette histoire de frères et de jumeaux – et certaines coïncidences tombent vraiment à pic, jusqu'au titre qui m'a finalement semblé tiré par les cheveux.

Au final, une grosse déception. J'attendais beaucoup de la découverte de cet auteur francophone, et je suis complètement passée à côté de son roman. Une histoire certes menée tambour battant, mais une intrigue un peu confuse et des personnages peu attachants la rendent finalement assez quelconque. Dommage... Je remercie néanmoins Babelio et les éditions Milady pour cette découverte.

Note : ★★☆☆☆

Plus d'informations

La compassion du diable, de Fabio M. Mitchelli
Éditions Milady (2016) - 374 pages - Lu en format papier - Thrillers & Polars

Deux flics, un tueur et des corps horriblement torturés, abandonnés au fond d'une rivière ou dans le vide sanitaire d'une maison. Démembrés, amputés, humiliés. Une traque à bout de souffle, mêlant présent et passé, sur les traces d'un tueur « par amour ». Librement inspiré du parcours sanglant de Jeffrey Dahmer, « le cannibale de Milwaukee », ce thriller psychologique à la mécanique implacable dissèque une âme diabolique, criminelle dès le ventre de la mère, et nous entraîne au bout de l'enfer.

Site de l'auteur : http://fmmitchelli.wix.com/mitchelli

2 commentaires

  1. Je crois qu'on partage vraiment nos ressentis. Il y'a une bonne idée de départ, un schéma narratif intéressant mais bonjour le manque de psychologie et l'évidence des événements !! Bref, j'ai vu nettement mieux

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    1. Effectivement, une vraie déception ! Et puis la Victoria m'a tapé sur les nerfs d'une force ! Grrr... ;-)

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