Après sa trilogie très remarquée, Les Maîtres Enlumineurs, Robert Jackson Bennett est de retour chez Albin Michel avec ses tous premiers écrits, une autre saga de fantasy : Les Cités Divines. Dans le premier tome, La cité des marches, l’auteur américain propose une enquête policière dans un univers post-divin. Hélas, malgré un concept plutôt intrigant, ce roman n’a pas su me convaincre et me laisse un sentiment de rendez-vous manqué.
Le récit prend place à Bulikov, ancienne capitale du Continent, où une civilisation, autrefois dominée par six divinités, s'est effondrée quand le Kaj de Saypur, l’une de ses colonies, les a toutes abattues avec une arme de son invention. La cité n’est désormais plus que l’ombre d’elle-même, bien que subsistent certains vestiges des miracles qui l’ont façonnée. Sur le papier, ça avait l’air très chouette, sauf que c’est laborieux. Robert Jackson Bennett met beaucoup trop de temps à installer sa mythologie, s’égarant dans des considérations politiques, certes importantes, mais vraiment très lourdes.
Dans ce contexte, on fait la connaissance de Shara Thivani, une espionne envoyée pour enquêter sur le meurtre d’un historien. C’est une femme intelligente et dotée d’un certain pouvoir dans un monde en grande partie dominé par les hommes. Le hic, c’est qu’elle a le charisme d’une huître ! Je n’ai pas réussi à m’y attacher, pas plus qu’à aucun autre personnage du roman, sauf peut-être Sigrud, son secrétaire, un géant de deux mètres originaire des contrées du nord. Et encore, c’est l’archétype du barbare civilisé, et il est condamné au rôle de faire-valoir tout en muscles. Même les antagonistes manquent d’ampleur !
Du côté de l’intrigue, je m’attendais à une enquête passionnante, mêlant enjeux politiques et mystères surnaturels. Là encore, cruelle déception. Les miracles, en lesquels résidaient tout l’intérêt de l’univers, sont à peine évoqués, sauf lors d’une bataille d’anthologie contre un Cthulhu très en colère. Quelques petites touches par-ci par-là, mais rien qui suffise à contrebalancer l’ennui qui s’installe assez vite. On a l’impression que Bennett ne sait pas vraiment quel genre d’histoire il veut nous raconter, entre le polar, l'horreur ou la fantasy, et son récit peine à convaincre.
La plume reste efficace, mais cela manque de vie et de magie. L’univers est trop lourd à porter, surtout pour un auteur débutant. Les personnages manquent de relief et l’intrigue s’enlise dans ses propres méandres. Une grosse déception que ce premier tome, dont je ne suis pas sûre du tout de lire un jour la suite.
Autrefois puissante cité divine capable de conquérir et d’asservir les peuples établis à sa proximité, Bulikov est tombée. Une mystérieuse catastrophe a eu lieu : le Cillement. Les dieux protecteurs de la cité ont disparu. Bulikov a été brisée en mille morceaux. Conquise par l’Empire de Saypur, réduite à l’état d’avant-poste, la ville n’est plus que l’ombre de ce qu’elle a été. Restent toutefois visibles, ça et là, certains vestiges des miracles qui l’ont façonnée, notamment d’immenses escaliers qui ne mènent désormais nulle part. Quand un historien est assassiné, l’Empire envoie enquêter une de ses meilleures espionnes : Shara Thivani. Se présentant comme une humble diplomate impériale, la jeune femme découvre l’étrange cité et commence son enquête, compliquée, dangereuse, qui touche un domaine sensible : le passé divin de certaines cités conquises par l’Empire. Ce que Shara va découvrir dépasse, et de loin, le simple cadre d’une affaire criminelle. Les dieux de Bulikov ne sont peut-être pas aussi morts que l’Empire veut bien le croire.
Le site de l'auteur : https://www.robertjacksonbennett.com/
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