Chäsgær, tome 2, de Serenya Howell

Après un premier tome prometteur, Chäsgær revient avec une suite plus sombre, plus introspective, et résolument plus mature. Serenya Howell signe ici la conclusion d’un diptyque où la lumière et l’ombre se livrent un duel intime, tout en nuances de gris. Attention, spoilers - mais pas plus que dans le quatrième de couverture !

Dès les premières pages, on retrouve l’univers si particulier de Chäsgær. Lors de la Grande Purge, les créatures de magie ont presque toutes été exterminées par les Hommes. Il n’est resté qu’Argoth, la plus puissante d’entre elles, le créateur d’une armée d’éthérés bien décidés à se venger. Pour les combattre, une école a été fondée : Chäsgær. On y forme des gærs, c’est-à-dire des chasseurs auxquels on inocule le fluide vital des anciennes créatures, ce qui leur permet d’hériter d’une partie de leur pouvoir.

Selen est une gær, l’unique descendante d’Argoth, qu’elle a vaincu dans le tome précédent. Depuis lors, rien ne va plus, elle n’arrive pas à se défaire d’une terrible culpabilité. Sans parler du fait qu’au lieu d’en profiter pour faire la paix, les Hommes semblent bien décidés à commettre un véritable génocide. Très sensible aux éthérés, elle ne peut se résoudre à cautionner une telle chose.

L’autrice creuse ici les zones grises de son monde, où le bien et le mal ne sont plus des pôles fixes, mais bien des points de bascule. Les certitudes de Selen s’effondrent les unes après les autres, ses choix se font de plus en plus lourds de conséquences. Torturée, mais déterminée, elle traverse ce récit en se débattant avec ses propres contradictions et son rapport au pouvoir. Elle est bien plus complexe que dans le premier tome, tiraillée entre ce qu’elle veut être et ce que l’on attend d’elle. C’est un roman plein d’émotions, de tensions et de dilemmes moraux.

J’entends déjà certaines critiques face au côté torturé de Selen ! Fitz-Chevalerie Loinvoyant, le héros de Robin Hobb, s’est fait laminer en son temps pour ses valses hésitations. Ce sera aussi le cas de Selen, je n’en doute pas une seconde ! Et pourtant, même si le rythme est lent, s’il y a beaucoup d’introspections, j’ai adoré ce second tome. Parce qu’il prend le temps d’épouser le cheminement de l’héroïne et surtout qu’il sonne terriblement juste. C’était un choix d’écriture et c’était le bon.

Pour moi, Chäsgær, tome 2, est une fin ambitieuse et pleinement réussie. Plus qu’un roman de fantasy, c’est une réflexion sur le pouvoir, l’identité et une forme de foi. Serenya Howell s’affirme comme une voix singulière de la fantasy francophone, qui ose sortir des sentiers battus pour offrir un récit exigeant, fort, et profondément humain. D’ailleurs… juste un petit conseil : prévoyez les mouchoirs pour le grand final !

Note : 

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Chäsgær, tome 2, de Serenya Howell
Plume Blanche (2025) - 276 pages - Support papier - Fantasy

Selen a accompli son destin. Elle a réalisé tout ce que Chäsgær et le monde attendaient d’elle : Argoth, le roi des Éthérés est mort. Alors pour quelle raison son cœur plonge-t-il, jour après jour, un peu plus dans le chagrin et le désespoir ? Pourquoi le pouvoir semble-t-il lui hurler un véritable appel à l’aide ? La jeune femme prend alors une décision aussi radicale que dangereuse : tourner le dos à Chäsgær et donner corps à ceux qu’elle a appris à traquer. Et si une vie sans les Éthérés ne valait pas la peine d’être vécue ?

Le site de l'autrice : https://serenyahowell.wixsite.com/accueil

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