Le messie de Dune, de Frank Herbert


Second tome du Cycle de Dune, Le Messie de Dune est paru pour la première fois en 1969. Le récit prend place douze ans après la fin du volume précédent. Marié à la princesse Irulan, fille de l’ancien empereur, Paul Atréides est devenu l’Empereur Muad’Dib, mais il est complètement dépassé : comme il en avait eu la vision grâce à l’épice, son accession au trône a déclenché le Jihad, càd des croisades meurtrières dans tout l’univers. Divinisé, étouffé par la culpabilité, il apparaît incapable d’échapper à son destin.

Une thématique propre à l’introspection et au mysticisme, vous en conviendrez. On m’avait prévenue que ce deuxième tome était d’un abord bien moins facile que le précédent, et dès les premiers chapitres j’en ai eu l’éclatante confirmation. Comme si les mots n’étaient plus ceux de Frank Herbert ! J’ai trouvé le style de l’auteur très différent, moins porté sur l’action ou le déroulé de l’intrigue que sur les réflexions de Paul et celles de ses ennemis, y compris dans la construction des phrases ou le choix des mots. Un phénomène assez déroutant, je dois dire.

Cela étant dit, je m’y suis habituée assez vite, finalement, pour me concentrer davantage sur le fond que la forme. L’auteur développe encore son univers, introduisant une nouvelle organisation, le Bene Tleilax, des scientifiques conduisant des expérimentations à grands coups de manipulations génétiques, ou les Danseurs-Visages, des assassins capables de se métamorphoser à volonté. Coup de cœur au ghola de Duncan Idaho dont la quête d’identité apporte une grande partie de la trop rare émotion qui se dégage de ce deuxième tome.

En parallèle, Herbert construit une intrigue au final qui se veut choc. La Guilde, le Bene Gesserit et le Bene Tleilax se sont alliés pour faire tomber Paul Muad’Dib et récupérer le contrôle de l’épice. Ils intriguent dans l’ombre et toute la prescience du monde ne suffit malheureusement pas à Paul pour savoir à qui se fier. Épuisé et inquiet, il s’interroge beaucoup sur la voie à choisir. Une réflexion intéressante sur la victoire, ce qui se passe après et la gestion d’un pouvoir qui le dépasse. On suit aussi pas mal sa sœur, Alia, en danger elle aussi car considérée comme une abomination par le Bene Gesserit.

Au final, j’en ressors avec un avis mitigé et l’impression d’être passée un peu à côté. L’univers reste extraordinaire mais objectivement, il ne se passe pas grand chose. Le rythme est vraiment lent, on sent surtout la menace planer et Paul passe son temps à philosopher sur sa prescience. Mais ce qui m’a le plus dérangée, c’est la froideur et le détachement qui se dégagent de l’ensemble. J’avais adoré le premier tome, celui-ci est une déception, clairement.

Note : ☆☆

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Dune, tome 2 : Le messie de Dune, de Frank Herbert
Editions Robert Laffont (2020) - 325 pages - Support numérique - Science-fiction

Paul Atréides a triomphé de ses ennemis. En douze ans de guerre sainte, ses Fremen ont conquis l'univers. Il est devenu l'Empereur Muad'Dib. Presque un Dieu, puisqu'il voit l'avenir. Ses ennemis, il les connaît. Il sait quand et comment ils frapperont. Ils vont essayer de lui reprendre l'épice, qui donne la prescience, et peut-être de percer le secret de son pouvoir. Il peut déjouer leurs plans. Mais il voit plus loin encore. Il sait que tous les futurs possibles mènent au désastre. Il est hanté par la vision de sa propre mort. Et s'il n'avait le choix qu'entre plusieurs suicides ? Et s'il ruinait son œuvre en matant ses ennemis ? Peut-être n'y a-t-il pour le prescient pas d'autre liberté que celle du sacrifice...

4 commentaires

  1. Ah mince dommage. J'avais bien aimé pour ma part, ce qui est bizarre car habituellement quand c'est trop philosophique, j'ai tendance à m'ennuyer ^^

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    1. Oui, cela m'a rendue triste, j'avais tellement aimé le premier tome. Tu as lu la suite déjà ?

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  2. Dune, itou me concernant, perd de sa saveur première dès le premier opus bouclé. "Le messie" affadit, les "Enfants" qui suivent exacerbent le phénomène, "L'empereur dieu" m'a été le mur impossible à franchir. Je dis çà je dis rien, ce n'est que mon avis quand pour d'autres le cycle ne commence vraiment qu'avec "l'empereur".

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    1. Je vais attendre que l'envie me revienne pour continuer, de toute façon !

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