Block 46, de Johana Gustawsson


On se retrouve aujourd’hui avec la chronique d’un roman gonflé, qui ose mélanger, et avec brio qui plus est, deux thématiques de choc : les tueurs en série et les camps de concentration. Une histoire à cheval entre passé et présent mais qui, à chaque page, nous confronte sans ménagement à d’abominables souffrances, qu’elles soient dues aux nazis ou aux tueurs en série. Petite fille d’un déporté du camp de Buchenwald, Johana Gustawsson réussit le pari d’aborder ce qui constitue sans doute les pires heures de l’humanité sans tomber dans le piège de l’apitoiement, mais avec émotion et une certaine forme de délicatesse.

Le récit s’attache tout d’abord à un duo relativement atypique : Emily, profileuse de renom qui enquête sur une série de meurtres d’enfants à Londres, et Alexis écrivaine spécialisée dans les tueurs en série, qui enquête sur le meurtre de sa meilleure amie à Falkenberg, en Suède. Il semble bien évidemment que ces dramatiques événements soient liés, le mode opératoire du tueur étant strictement identique. En parallèle, l’auteur nous raconte l’histoire d’Eric Ebner, un allemand déporté à Buchenwald en 1944, travaillant aux côtés du mystérieux docteur Fleischer dans le Block 46. Mais quel sombre lien existe-t-il entre les deux ?

Aucune chance que je le révèle ici ! Johana Gustawsson maîtrise parfaitement les codes du thriller, la tension qui monte, qui monte jusqu’à atteindre son paroxysme avec un coup de théâtre tout à fait inattendu, pour moi en tous cas. Tout va très vite, l’efficacité prime, et même si on a parfois l’impression qu’il ne se passe rien, que l’enquête piétine, tout a son importance dans cette intrigue incroyablement bien ficelée. Mon seul bémol concerne les personnages qui sont certes originaux, mais n’ont pas su déclencher une réelle empathie chez moi. Je ne me suis pas vraiment attachée à eux, et cela s’est ressenti sur l’espèce de détachement que je ressentais en lisant.

Block 46 n’en reste pas moins une vraie belle réussite, alliant thriller et devoir de mémoire. La plume de l’auteur est soignée, on sent la journaliste en elle par certains côtés, mais elle sait aussi s’adapter à ses situations, et semble naviguer avec aisance entre les différents genres. Un travail très abouti. Pour un premier roman en solo, il faut bien reconnaître qu’elle a mis la barre assez haut ! Et c’est avec grand plaisir que je suivrai son évolution en tant qu’auteur et ses futurs ouvrages.

Lecture commune avec : Aristide, Charlène, Mathys.

Note : ★★★★☆

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Block 46, de Johana Gustawsson
Bragelonne (2015) - 336 pages - Lu en format numérique - Thrillers et Polars

Falkenberg. Suède. Le commissaire Bergström retrouve le cadavre nu et gelé d'une femme aux abords de la plage d'Olofsbo. Londres. Profileuse de renom, la ténébreuse Emily Roy enquête sur une série de meurtres d'enfants dont les corps sauvagement mutilés ont été abandonnés dans les bois d'Hampstead, au nord de la ville. Ils présentent les mêmes mutilations que la victime suédoise : trachée arrachée, yeux énucléés et un mystérieux Y gravé sur le bras. Étrange serial killer, qui change de type de proie et de lieu de chasse... Pourrait-il s'agir d'un tandem de sociopathes ?

Site de l'auteur : http://johanagustawsson.com/fr/

2 commentaires

  1. Il a l'air pas mal du tout celui-ci !

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    1. J'avais été intriguée par le mélange annoncé de ces deux thèmes, et je l'ai dévoré en quelques jours. Fonce !

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